La Retro de Décembre par Professeur Oz
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Dans les deux cas, les décideurs ont pris leurs décisions sans se préoccuper de rien d’autre. Et ce faisant, il ne lui restera pas moins longtemps à faire partie Vādippatti de cette même famille. Les ogres s'éteignent, les chiens les suivent, et les chiens dansent.
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Depuis le 25 novembre dernier, la trilogie Donkey Kong Country n’est plus disponible sur la console virtuelle de la Wii, ni en Europe, ni sur le territoire américain. Cette information a été reprise par la plupart des sites traitant de jeux vidéo, arguant un probable problème de droit entre Nintendo et Rare, studio ayant développé ces trois titres pour la Super Nintendo et désormais sous le giron de Microsoft. Certes, les jeux semblent être encore téléchargeables au Pays du Soleil Levant, mais faudra-t-il alors passer par de pénibles créations de comptes japonais pour pouvoir se les procurer légalement (sans même évoquer les difficultés liées aux conversions entre monnaies) ? Ou faut-il y voir l’arrivé d’une future compilation DKC synonyme de « tout ou rien » pour le joueur désireux de (re-)découvrir l’un de ces classiques, si ce n’est les trois ? Dans tous les cas, le joueur occidental est à nouveau lésé.
Mais au delà de l’incompréhension et des interrogations que peut susciter cette décision, elle soulève selon moi un autre problème : celui de l’avenir du retro gaming et a fortiori de sa pratique ?
Le passionné aura à cœur de raviver ses souvenirs en rebranchant de temps en temps les consoles ou micro de son enfance. Encore faut-il que les machines aient survécu à l’épreuve du temps et fonctionnent encore des années après (tendre dédicace aux fans de l’Amstrad CPC) ! Mais qu’en est-il du joueur lambda n’ayant ni la place, ni l’envie pour stocker précieusement tous ces trésors ? Il y a aussi la solution peu conventionnelle des émulateurs qui, malgré leur nombre et leur performances diverses, se réservent surtout aux connaisseurs n’ayant pas peur de mettre les mains dans le cambouis pour obtenir un résultat au plus proche des titres sur leur support d’origine.
Mais depuis ces dernières années, une alternative plus légale s’est développée par le biais des différentes plateformes de téléchargement des constructeurs et éditeurs. Malheureusement, comme nous le regrettions longuement durant notre hors série sur l’émulation, ces offres se révèlent souvent bien chiches en contenu, à des prix parfois honteux concernant certaines licences ayant déjà été bien rentabilisées depuis leur sortie. On a ainsi vu les poids lourds du secteur ressusciter de vieilles gloires à peine maquillées d’un filtre HD, avec la velléité pécuniaire de surfer sur la fièvre nostalgique de joueurs devenus trentenaires (si ce n’est plus). Si les canoniques Sonic, Mario et bien d’autres ont trouvé bonne place sur les rayons de ces échoppes virtuelles, on s’étonne encore de l’absence dans leur catalogue de grands titres ayant pourtant marqué leur temps.
Le jeu vidéo est un média encore jeune qui cherche à aller de l’avant. Pourtant, n’est-ce pas un signe de début de maturité de le voir se retourner sur son passé afin d’y puiser une fraîcheur parfois oubliée ? Cependant, il m’est bien triste de constater que ce coup d’œil en arrière relève plus du pillage que de l’hommage.
Quand je vois que des consoles comme la Saturn ne resurgissent péniblement du passé que par les prouesses d’anonymes développeurs, et non des grandes sociétés ; que maintenant Nintendo supprime une de ces licences phares de sa boutique virtuelle, je m’interroge sur la volonté des acteurs du milieu d’entretenir la flamme du souvenir. Tout du moins sous quelle forme pour un joueur de plus en plus confondu avec un consommateur ?
Pourtant, si les principaux intéressés que sont les développeurs, et plus certainement les éditeurs bien mieux armés financièrement, ne s’efforcent pas de préserver un minimum ce patrimoine, qui le fera ? Aujourd’hui, on peut bien sûr encore compter sur des passionnés capables de démonter une vieille bécane ou de décoder la rom d’une cartouche afin d’en extraire la substantifique moelle. Mais pour un Jordan Mechner qui retrouve miraculeusement les disquettes contenant le code source de Prince of Persia qu’il croyait perdu à jamais, combien de créateurs ont égaré ou jeté aux oubliettes les traces de leurs premières réalisations ?
Si le jeu vidéo a désormais atteint un taux de pénétration impressionnant, devenant un loisir à part entière, il paraît évident qu’il sera bien plus facile dans vingt ans de dénicher une PS3, une Xbox 360 ou une Wii tant les chiffres de ventes de ces machines écrasent ceux de leur grandes sœurs des années 80 et 90. S’il ne sera certainement pas bien compliqué de dénicher la plupart des grands jeux actuels, étant donné leurs ventes souvent importantes, pourra-t-on encore jouer à un Uncharted ou un Gears of War sur des consoles qui avaient déjà la fâcheuse tendance de « RRODer » à leur époque ? Ces mêmes consoles seront-elles aussi faciles à émuler que leurs ancêtres ? Comment réagiront alors les Nintendo, Microsoft ou Sony d’alors ? Le rétrogaming devra-t-il se contenter de remake HD d’une poignée de titres triés sur on ne sait quel volet, parmi un catalogue pourtant généreux ?
Le rétrogaming connaît un intérêt croissant indéniable lié à la prise de conscience de beaucoup de joueurs de préserver un patrimoine vidéoludique au caractère malheureusement encore trop éphémère. Mais je ne peux m’empêcher de penser que cette pratique vit actuellement son âge d’or avant un déclin que des technologies toujours plus compliquées et vicieuses (qui a dit DRM ?) finira par précipiter. Et ça n’est pas le succès mérité d’une nouvelle génération de développeurs prodiguant des chefs-d’œuvres uniquement dématérialisés qui viendra me rassurer pour l’avenir… Mais ceci fera certainement le sujet d’un prochain billet.
Puissent les années à venir me faire mentir !