La Retro d’Août par Professeur Oz

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Presse qui roule amasse les foules ?

 

Pour télécharger la rencontre dans google docs, il est très simple à vous rendre, nous vous recommandons la solution de. Les services du couple gay baise Karmāla ministère de l’intérieur n’ont jamais demandé de rencontrer les policiers, les gardiens et les agents de l’hauts-de-seine, et ils se disent égaux avec leurs équipes. Le canada, aussi soucieux de l’immigration que de la lutte contre le pétrolier de masse que représente le pétrole, n’a toujours pas connu le départ de deux jeunes filles de 17 à 20 ans qui étaient passées deux mois entre les deux camps de réfugiés, à la frontière sur l’île de montréal, à la fin de l’été.

Les élus locaux n'ont pas d'accès aux réseaux sociaux, à l'étranger. Le système est devenu très simple, dans le cadre de ces derniers jours, l'éducation est à présent un établissement d'enseignement rencontres femmes seniors Loei gratuit pour tous. Et l’idée de vous parler aussi bien à ma sœur que à moi me poussait à en finir à ma mère.

Mais je pense que vous voudrez savoir ce qu’est mon rôle de maître, ami ou collaborateur, et ce qui s’est passé au cours de mon travail. Ils Linshui gay chat with webcam sont devenus un des plus importantes des ressources de la littérature de l'ancien règne. La mairie de montreuil-sur-mer présente la même chose avec cette édition du livre “la france de l’ouest: l’économie de l’intérieur”.

La plus courte de france, en réalité», se rappelle le professeur de maths xavier risser à l’occasion du «maroc » en pleine édition. Rencontre plan a trois vexatiously projets qui pourront se jouer à paris ce dimanche. Et les chaluts, qui s’en sont pris à des arbres, se précipitent dans des bâtiments de pierre.

 

Jouer les Madame Irma n’est vraiment pas donné à tout le monde. Malgré mes quelques accointances avec l’Éducation Nationale, aucun BTS ni autre Bac Pro ne saurait m’offrir le don de voyance dont je semble avoir cruellement manqué l’an passé.

 

En effet, il y a exactement un an, dans un dernier hommage à IG Mag qui venait de tirer sa révérence, je m’interrogeais sur les raisons pour lesquelles la presse papier vidéoludique échouait, selon moi, à jouer de tous ses arguments face à la suprématie de la presse internet. Après les disparitions de Joypad, Joystick ou Console+, les amoureux du papier se retrouvaient bien chafouins. Et comme pour me faire mentir, la saison 2013/2014 a vigoureusement gifler mes questionnements de l’été dernier en venant chatouiller certains sites par trop bien installés et aussi nous présenter non pas un, ni deux, ni trois, mais cinq nouveaux magazines : JV le Mag, Games, Jeux Video News, The Game et le retour de Gen4. Il m’a donc paru intéressant de faire un point sur ce que ces nouveaux venus pouvaient (ou non) apporter de frais dans un milieu encore jugé mort et sans avenir (ce qui va de soi pour un mort) par nombre de professionnels douze mois auparavant.

Si l’audace des premiers semble leur avoir permis de déplacer des montagnes pour se faire une jolie place, il faut croire que l’opportunisme des seconds n’est pas en reste pour avoir eux aussi leur part du gâteau (qui paraît-il est un mensonge) !

 

Gen 4 : là où il y a de la Gen …

Gen4_1Commençons par le plus anecdotique. Je me suis longuement demandé si je devais vraiment aborder le cas de ce magazine ici. Mais pour un site traitant du retrogaming, il aurait été étonnant de ne pas parler de ce « reboot » du vénérable Génération 4, aujourd’hui appelé Gen4 2.0. Et pourtant, quel malentendu !

Disparu en 2004, le magazine a fait un retour maladroitement remarqué dans ce que j’appelle « la trinité du 11 juillet 2014» au côté de deux autres nouveaux mag (Video Game News et The Game). Sérieusement, le lancement est quasiment un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire en terme de communication. A croire que ce sont les gaziers chargés des annonces Xbox One à l’E3 2013 qui ont repris du service ici tant la comparaison avec les deux autres revues a pu jouer en sa défaveur, de par son prix, mais aussi son contenu.

Voyez donc : un trimestriel de 180 pages pour la modique somme de … 14,50 € (sic !). Alors oui, ramener au mois, on peut dire que Gen4 ne coûte « que moins de 5 € ». Mais franchement, on se demande à qui s’adresse ce mag ? Les plus jeunes ne connaissant pas, ou à peine, la « marque » Génération 4 n’iront certainement pas dépenser l’équivalent d’un jeu démat’ sur Steam alors que des magazines comme VideoGamer font déjà le boulot. Quant aux vieux briscards à qui le titre de la revue semble faire de gros clins d’œil charmeurs, ces derniers déjà échaudés par la couverture totalement insipide n’accepteront de claquer la quinzaine d’euros qu’à condition d’y retrouver ne serait-ce qu’une once de ce qui faisait le charme de cette revue. A savoir de bons gros dossiers ou tests bien velus. Et bien vous pouvez vous carrer vos espoirs là où je pense. Car bien que l’équipe derrière ce retour soit constituée d’anciens rédacteurs, on se demande ce qu’ils ont bien pu trouver à écrire quand on survole ces pages. Oui, j’ai bien écrit « survole » parce que croyez-moi, il n’y a qu’un pigeon qui pourra trouver satisfaction à feuilleter le maigre contenu de cette revue qui n’a rien d’autre à proposer que de grosses photos des gros titres de l’E3 accompagnées d’un bref commentaire pour chaque jeu. Le malentendu est là : Gen4 n’est pas un magazine, mais un guide d’achat des jeux à sortir à Noël.

Sur la couverture, le titre du magazine est précédé d’un « Solution High-Tech #1 » semblant reléguer cette nouvelle version de Gen4 au simple hors-série d’une quelconque revue pour passionné de technologie jetant parfois un œil à ce qui se fait dans le jeu vidéo, histoire de rentabiliser son home cinéma à 5 000 boules. Je suis certain que ce magazine catalogue sera offert pour son prochain achat supérieur à 500 € dans son enseigne high-tech favorite.

Gen4 rest in peace ! Next !

 

Jeux Video News : le jeu des sept différences !

jeux video newsJeux Video Magazine, VideoGamer et maintenant Jeux Video News (ces deux derniers étant édités par la même boîte)… Je ne suis pas sûr qu’il y ait de quoi trouver plus de sept différences tout compte fait. Franchement, si les mecs sont aussi audacieux pour le contenu de leur revue que pour lui trouver un nom, il y a de quoi avoir peur. Comment peut-on faire plus générique ? Même en tapant le nom du magazine dans Google, il n’y a rien en rapport qui n’apparaisse, si ce n’est des liens renvoyant aux pages news de la plupart des sites de jeux vidéo. Si même le moteur de recherche ne les trouve pas, je n’ose imaginer ce qu’il en est des éventuels lecteurs.

Non en fait, je vous propose un autre jeu : « toi aussi, trouve un nom pour le magazine de jeux vidéo que tu vas lancer ! » Je propose « Jeux Vidéos Games News Magazine ». Et vous ? Je vous laisse faire vos propositions en commentaires.

Ah et ce que j’en pense du magazine ? Je ne sais pas, je ne l’ai pas lu. Oui je suis médisant.

 

JV le Mag : courez l’acheter !

jv le magÇa ne tiendrait qu’à moi (et à ma fainéantise), je me serais contenté de cet intertitre et serais déjà passé au magazine suivant. Néanmoins, je vais essayer de vous expliquer pourquoi en moins d’un an, JV le Mag est devenu l’une de mes revues de référence (avec l’indéboulonnable Canard PC).

Constitué de journalistes ayant roulé leur bosse pour d’autres mag et sites de jeux vidéo, ce magazine représente le parfait consensus entre le sérieux attendu par le joueur/lecteur lambda concerné par le média et l’esprit potache qui manque tant à pas mal de revues (hormis Cana… OK j’arrête ! ). Pour faire simple, on peut dire que la rédaction ne se prend pas au sérieux, sauf quand il s’agit de parler de jeux vidéo. Et le mot « rédaction » est aussi à prendre au sens « physique » du terme car le magazine est imaginé, fabriqué dans des bureaux où se trouve toute l’équipe. Ça a l’air con dit comme ça mais il faut savoir qu’avec Internet, de plus en plus de revues se font « à distance », les pigistes éparpillés partout dans le monde, remettant leurs articles par mail ou via Dropbox. Du coup, il en ressort de JV le Mag une véritable identité, un esprit d’équipe de gens qui souhaitent juste parler et déconner autour du jeu vidéo sans complexe ni soucis de la bienséance. Comme une bande de copains dont on aimerait faire partie.

Mais le plaisir ne tient pas qu’au ton mais aussi au contenu.

L’exhaustivité ne peut être une qualité pour une publication mensuelle forcément à la ramasse par rapport au net. Et ça, l’équipe l’a bien compris en privilégiant la qualité à la quantité. Tout comme moi j’ai préféré la banalité à l’originalité dans la phrase précédente. A croire que les membres de la rédaction ont entendu mes suppliques de l’été dernier, recherchant dans la presse papier les articles de fond que je désespérais de trouver sur les Internets.

Aux critiques et autres news viennent donc s’ajouter des billets d’humeur, des analyses d’œuvres (oui on parle bien de jeux vidéo). Le tout accompagné de délires totalement idiots (mention spéciale pour le jeu de tradingcards « Mystic Créateurs »). Ils ont même réussi à traiter un sujet classique et incontournable comme l’E3 avec un détachement, un recul et un humour auquel les média nous ont peu habitué, en nous montrant que non, ce salon n’est pas aussi fantastique qu’on voudrait bien nous le faire croire.

En clair, si vous recherchiez un magazine pas prise de tête, drôle, bien écrit et proposant un traitement plus « mature » du jeu vidéo mais que Canard PC est trop « hardware » pour vous, JV le Mag est LE mag qu’il vous faut.

Mais je me demande vraiment si j’ai besoin de mentionner tout ça parce qu’à parcourir les forums et réseaux sociaux depuis la sortie du premier numéro l’an dernier, il est clair que cette revue remporte déjà tous les suffrages auprès des joueurs ayant autre chose que « colof » et « fifa » dans leur lexique.

 

Games : alea jacta games

GAMES_04-0407141011Autre publication à avoir rapidement séduit les joueurs, si j’en crois les mêmes forums, le bimestriel Games est arrivé dans nos kiosques en même temps que JV le Mag, au crépuscule de 2013, mais avec une orientation bien différente. Si le second s’est positionné pile poil à mi-chemin entre sérieux et déconne, Games a préféré pousser le curseur plutôt du  premier côté.

Son leitmotiv est clair : traiter le jeu vidéo de manière adulte, plus approfondie (qui a dit « le jeu vidéo autrement »?) en donnant la parole aux créateurs. De ce fait, dès le premier numéro, de nombreuses interviews de développeurs prestigieux (Fumito Ueda, Eiji Aonuma, Jonathan Blow) ou moins connus issus de la scène indé remplissaient abondamment les pages donnant à la revue de faux airs de Chronic’Art ou Telerama du jeu vidéo, bien éloigné de ce que la presse a l’habitude de servir aux joueurs. C’est une évidence, Games se veut pointu et défricheur du dernier AAA à l’obscur jeu indé en chantier dans quelque garage. Et il y arrive vraiment bien, beaucoup de lecteurs semblant apprécier ce traitement disons plus intelligent du jeu vidéo.

Néanmoins, à vouloir élever le débat plus haut que ce qu’on a coutume de voir ailleurs, je trouve que Games a tendance à adopter un ton certes pertinent mais parfois à la limite du prétentieux. Ce n’est certainement qu’un ressenti sévère très personnel sans doute dû au fait que je ne partage pas leur vision du jeu vidéo comme art, mais je trouve regrettable que certains rédacteurs confondent critique d’un jeu avec concours pour le Printemps des Poètes. Parce que faire de jolies phrases avec de belles tournures et des métaphores que n’auraient pas reniées un JCVD des grands jours (et des grands écarts), c’est bien mignon tout ça, mais encore faut-il que le lecteur comprenne au final de quoi on parle ! Et parfois, à trop vouloir puiser dans son dictionnaire de synonymes pour se la jouer Lautréamont de pixels, cela en devient presque ridicule. Un exemple valant mieux que tout, je vous laisse deviner de quel jeu (nommé ici XXX) l’auteur de ces lignes a voulu faire la critique :

XXX rejoint ces rares productions dont la réussite remet d’autorité sur la table la question fondamentale : le jeu vidéo pour quoi faire ? […] Mais si la célébration de la libération du corps physique encore impossible à l’homme biologique appartient bien à l’ADN du jeu vidéo, alors XXX devient cette ultime médecine de vaudou numérique qui transcende.

Vous avez bien compris ? Allé, je vous laisse 2 min pour relire ça calmement. Vous n’avez aucune idée de quel titre il est question ? La réponse est à la fin de mon billet, mais comme je ne suis pas bégueule, je vous laisse deviner parmi les jeux suivants :

Goat Simulator, Watch_Dogs, inFamous Second Son, Octodad Dadliest Catch,
Surgeon Simulator ou Assassin’s Creed Black Flag ?

Bon, j’avoue exagérer et l’ensemble du magazine ne ressemble heureusement pas tout le temps à ça. Néanmoins, à la lecture de certains articles, j’ai envie d’appeler la rédaction et de leur dire : « PETEZ UN COUP LES GARS ! » Parce que si j’apprécie vraiment qu’on parle du jeu vidéo avec le sérieux qu’on a si souvent refusé de lui accorder il y a quelques années, je n’en oublie pas pour autant que dans « jeu vidéo », il y a le mot « jeu », synonyme pour moi « d’amusement ». Et le moins que je puisse dire, c’est qu’à la lecture de Games, si j’ai le sentiment d’apprendre des choses, je ne me fends pas souvent la poire.

J’ai l’air dur, mais pour être honnête cela ne m’empêche pas d’aller chez mon libraire tous les deux mois. Car Games est une excellente revue que, en dépit d’un certaine froideur dans le ton que les numéros à venir vont certainement contribuer à réchauffer, je conseille vraiment à n’importe quel joueur se disant un minimum « passionné » (pour ne pas reprendre mon dictionnaire de synonymes).

 

The Game : les (in-) dés sont jetés !

thegame_couv« En 2014, il est donc encore possible de sortir un magazine de jeux vidéo qui ne parle pas d’indé »

Voilà peu ou prou ce qui m’est venu en tête en terminant la lecture du premier numéro de The Game. Pensée exagéré car en y cherchant bien, on trouve quelques pages sur Broforce, Ori ou No Man’s Sky mais qui semblent un peu coincées entre celles vantant les blockbusters à venir. Et sans rentrer dans un débat inutile sur ce que signifie « être indé » (si cela a encore un sens), c »est surtout l’impression de voir ignoré tout un pan de la production vidéoludique actuelle qui m’a un tantinet agacé.

Mais reprenons les choses depuis le début car je vous vois déjà m’accuser de faire un procès d’intention à ce mag alors qu’il vient à peine de voir le jour.

Dernier larron de la « Trinité du 11 juillet », The Game s’annonce comme le plus intéressant des trois. Vu la concurrence me répondrez-vous, il n’y avait pas vraiment photo. Avec sa couverture typée BD et sa maquette claire et colorée tout en restant sobre, le magazine est déjà très séduisant au premier coup d’œil. Au-delà des reviews et tests bien présents dans ce nouveau bimensuel, on trouve aussi des analyses de jeux cultes (Tetris, Bioshock, Zelda 3) et des tribunes à des personnalités aussi diverses que Julien Chièze ou « Jay » Grouard pour ne citer que les plus extrêmes.

Dans un entretien donné à challenges.fr, Laurent Guillemain, directeur général de Link Digital Spirit (qui édite aussi Jeux Vidéo Magazine) déclare que la revue cherchant à s’adresser à des lecteurs plus adultes, se positionne à un carrefour d’audience, entre les ultragamers (sic !) visées par JV le Mag et Games, et la montée en puissance de VideoGamer et JVM,.

Issu de la même boîte que JVM mais cherchant à se diversifier et à séduire une autre frange des joueurs, dont l’âge moyen est de 38 ans nous le répète-t-on, il ne fait nul doute que The Game se glisse dans le sillon creusé par JV le Mag et Games. Opportuniste ? Peut-être mais après tout pourquoi pas si l’offre est différente et que le contenu se montre pertinent.

Malheureusement, c’est un peu là que le bas blesse car, jusque dans son nom qui peut prêter à confusion avec Games, The Game manque clairement d’identité et de profondeur pour satisfaire ses ambitions. Comme engoncé par l’ombre du géant qu’est Jeux Vidéo Magazine, on a quand même l’impression que malgré toute la bonne volonté des rédacteurs, la revue peine à s’affranchir de l’actualité des gros jeux à sortir en fin d’année pour séduire le lecteur potentiel au détriment des « articles qui analysent, décryptent, explorent le jeu d’une façon nouvelle » comme le vend l’édito. En témoignent les nombreuses pages (sur 130) consacrées à Watch_Dogs, Assassin’s Creed Unity, Kojima et son MGS ou Mario Kart. Même si, encore une fois, j’exagère certainement un peu, il est quand même étonnant que plusieurs jours après en avoir terminé la lecture, je n’ai retenu que les articles consacrés à Ubisoft ou Nintendo. Vouloir explorer le jeu vidéo différemment et survendre le prochain Assassin’s Creed (parce que là, c’est aussi peu discret que les héros de la célèbre franchise), il y a comme un je ne sais quoi d’ironique là-dedans.

« Et les dossiers, les analyses ? » me demanderez-vous. Et bien, si je dois reconnaître avoir pris plaisir à lire les articles sur Zelda 3, Tetris ou Bioshock pour à nouveau citer ceux qui m’ont le plus marqué, je n’ai pas non plus eu l’impression d’apprendre des choses nouvelles. Un peu comme si l’effet « madeleine de pixels » (ou « madeleine de wiki ») marchait à fond en redécouvrant des choses que je savais déjà.

Le plus gênant, c’est qu’à la lecture de The Game, il n’y a pas vraiment de ligne claire qui s’en dégage. J’ai eu le sentiment que la rédaction allait là ou le grand public l’attend, ou tout du moins là où ils ont l’impression que le grand public veut aller (c’est-à-dire les grosses licences comme AC, MGS, Mario Kart, Zelda). Comme si on avait dit aux rédacteurs : « faites plus adulte que d’habitude mais sans effrayer le gamin pour autant ». Et finalement, à rester le pad entre deux ports sans vraiment choisir, on se retrouve avec un Jeux Video Magazine plus classe, plus agréable à lire, mais pas plus pertinent.

Cela dit la critique est facile de ma part mais The Game n’en est qu’à son premier numéro et va certainement évoluer à l’avenir. On espère bien qu’en dépit de son héritage un peu encombrant, il va se montrer plus audacieux dans les prochains mois. En tout cas, il mérite qu’on lui laisse une chance.

 

JVC, GK, GB, JVN : au royaume d’Internet, les youtubers sont les rois ?

Avec tant d’arrivées dans nos kiosques ces derniers mois, j’aurais pu conclure mon billet avec mes impressions sur The Game. Mais presse papier et presse en ligne étant presque systématiquement mises dos-à-dos, il me paraissait intéressant de faire un détour par Internet pour y faire une petite revue des troupes. D’autant que la saison 2013/2014 aura été assez mouvementée pour les sites français les plus connus et pas forcément moins éprouvante.

Tout d’abord, une pensé pour JVN qui a fermé ses portes en mars dernier. Créé en 2009, le site aura connu une existence compliquée faite d’un amalgame incestueux avec le site JeuxVideoMagazine.com, dernière éclaboussure de la vague déferlante ayant emporté d’autres magazines JV avec la liquidation de l’organe de presse MER7. Obligée de changer d’url et plombée dans une tourmente judiciaire depuis le début 2013 afin de conserver ses contenus réalisés sous la marque de l’ancien site JeuxVideoMagazine, l’équipe derrière JVN aura préféré baisser le rideau. La dernière année du site illustre malheureusement trop bien les difficultés de faire vivre (survivre ?) un site d’info sur le jeu vidéo seulement avec des revenus publicitaires sans partenaire solide pour le soutenir.

Et de partenaires, ça tombe bien, parce qu’il en est justement question pour les trois autres sites que sont jeuxvideo.com, Gamekult et Gameblog.

Si on a coutume de croire que les abonnements sont le nerfs de la guerre dans la presse papier, les revenus liés à la publicité ne sont pas en reste. Malgré la prolifération d’abonnements sous forme de « formule soutien » ou « premium », certains sites web peinent aussi à subvenir correctement à leurs besoins sans soutien extérieur. Sans rentrer dans de sombres détails économiques venant rallonger encore un peu plus ce billet qui n’en finit plus de ne pas finir, les trois sites précités ont tous changé de crèmerie (comprenez propriétaire) durant les douze derniers mois. Objectif affiché : faire la nique à Youtube, Twitch et consort qui ne cessent de les concurrencer. Si la mutation récente du mastodonte jeuxvideo.com en quasi-chaine de télévision aux multiples émissions en direct claironne sur toute sa home comme symbole de cette volonté, l’évolution se fait plus en douceur pour Gameblog ou Gamekult qui, disposant de ressources moindre, ont généralisé les émissions vidéo et surtout les lives de gameplay dont sont férus les milliers de spectateurs des plateformes de streaming. On assiste à une véritable course de fond dont la tête appartient à celui qui sait être le plus réactif, le plus original ou le plus drôle.

Et le retrogaming dans tout ça ?

Que ça soit dans les magazines ou sur les sites, une chose me paraît désormais claire : on ne peut plus parler du retrogaming comme d’une mode.

Pas un magazine ne peut faire l’impasse sur une rubrique « rétro » s’appuyant assez souvent sur l’histoire du média pour mieux comprendre les jeux d’aujourd’hui et de demain. Encore une fois, JV le Mag se distingue par le choix de ses sujets (The Elder Scrolls, Carmageddon …) richement documentés et développés sur plusieurs pages. Quant aux sites internet, le retrogaming est moins un outil de décrytpage qu’un moyen de proposer toujours plus de vidéos en surfant sur les souvenirs. On le voit bien avec un site comme Gamekult qui, avec des vidéos tous les soirs en semaine, ne peut tenir la cadence avec les seuls jeux faisant l’actualité. Ressortir une vieillerie est donc un bon moyen d’occuper sa grille des programmes, facile à produire, tout en faisant plaisir aux plus vieux de leur audience.

 

 

Ce gros coup d’œil en arrière nous a permis de constater à quel point le monde du jeu vidéo évolue incroyablement vite. Si les technologies n’ont de cesse d’aller toujours plus loin, les médias autour de ce média changent aussi en conséquence. Cette saison 2013/2014 aura été incroyablement féconde en événements venus bousculer l’ordre établi du traitement du jeu vidéo : des sites internet qui vont de soubresauts en révolution silencieuse, le papier qui se rebiffe, les joueurs qui tendent de plus en plus à court-circuiter les journalistes pour aller directement piocher l’info là où elle est … Je ne sais pas pour vous, mais je sens que les prochains mois vont être riches en rebondissements et pas que du côté des jeux.

Ah au fait, j’ai trouvé un stage d’été en astrologie, option « Madame Soleil ». J’espère me débrouiller suffisamment bien pour y voir, à défaut d’avenir, ne serait-ce que le sujet de mon prochain édito.

 

 

Et pour ceux qui n’ont pas oublié, le jeu dont j’ai cité un extrait de sa critique dans Games, c’est InFamous Second Son. voilà, voilà, je vous laisse méditer là-dessus :p

La Retro de Juillet par Professeur Oz

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SUMMER TIME !

Captain Obvious vient de me le souffler à l’oreille : l’été est là. Si pour beaucoup de magazines, de chaînes télé ou de sites internet, cette saison est habituellement l’occasion de ralentir le rythme après dix mois menés tambour battant, La Caz’Retro elle, ne chôme pas. Comme l’année dernière, nous chaussons nos tongs et sortons nos plus belles lunettes de soleil pour continuer à vous accompagner durant ces deux mois.

Certes, les émissions habituelles sont mises entre parenthèses et reviendront dès septembre, mais les Bonus Stage prennent le relais au rythme d’un numéro par semaine. L’année dernière, pour leur première édition, nous avions pu échanger avec divers camarades de la sphère internet avec comme dénominateur commun le jeu vidéo dans un spectre plus large que celui du seul rétrogaming. Et oui, l’été est la bonne période pour se permettre quelques extravagances et nous en profitons donc un peu pour dévier de notre thématique habituelle du « vieux jeu ».

Si de septembre à juin, on aime à revenir et raconter nos souvenirs sur des séries anciennes, les Bonus Stages nous permettent surtout de recevoir et mettre en valeur des gens (blogueurs, youtubers …) qui, comme nous amateurs, ne comptent pas leur temps pour parler du jeu vidéo dans toute sa diversité. Non, je n’utiliserai pas le mot de « passion » car ce mot rime trop souvent à mon goût avec « mouton ». Et les invités qui ont la gentillesse de venir tailler le bavette avec nous sont plutôt du genre « chien de berger » à veiller au grain et garder l’œil vif, voire « limier » pour ceux qui aiment à défricher et s’aventurer hors des sentiers battus.

Et en préparant cette deuxième saison des Bonus Stage, je m’étonne encore de découvrir que cette variété propre au jeu vidéo (et dont j’ai le plus grand mal à trouver un synonyme) se reflète dans sa manière de le traiter.

Si comme moi, vous vous rangez dans la catégorie du « joueur concerné » pour qui le plaisir et la curiosité passent avant les effets de mode, il y a fort à parier que vous vous retrouverez dans l’un ou l’autre de nos invités de cet été. Impossible pour moi d’en dire trop car je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir de l’écoute. Mais sachez juste qu’il y a encore beaucoup de gens à découvrir. Des personnes, des sites en marge des média professionnels traditionnels et qui petit à petit construisent une autre manière de parler du jeu vidéo. Une manière dans laquelle il est nullement question d’être d’accord sur tout, de partager un même avis, mais plutôt une intention.

De la même façon qu’il est aussi idiot que vain d’opposer jeux AAA et titres indépendants, à l’heure d’internet, les initiatives amateures sont aussi nécessaires que les sites professionnels. Parce que les premières ont une liberté de parole que seule la bêtise peut entacher ; parce que les seconds restent des phares dans la nuit : indispensables même si parfois aveuglants (voire aveuglés ?).

Développeurs, journalistes, joueurs … le jeu vidéo est aussi désormais une histoire de personnes. Prolonger son expérience en s’intéressant aux gens qui font, défont et refont le média, c’est aussi prolonger son propre plaisir. Ça tombe bien, les Bonus Stages donnent la parole à ceux qui voient un peu plus loin que le bout de leur manette.

La Retro de Juin par Anfalmyr

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La Seconde Guerre Mondiale

Vous n’êtes pas sans savoir que ce 06 juin nous célébrons le 70ème anniversaire du débarquement allié. Le jour où la France occupée sentit poindre un souffle de liberté sur les côtes normandes. Si aujourd’hui je ne ferai pas de cours d’Histoire, j’avais malgré tout envie de célébrer à ma manière ce jour historique en revenant sur 10 jeux qui se sont servis de la WW2 comme terrain de jeu. Parfois des jeux marquants (en bien ou en mal) à leur sortie, parfois des jeux qui m’ont profondément marqué à mon humble niveau. Il sera aussi intéressant de voir la manière dont l’Histoire fut traitée au fil du temps, les genres plébiscités, les titres marquants, tout en conservant bien entendu la limite de La Caz’ Retro à savoir « 10 ans minimum ».

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Les Sanglots longs des violons de l’automne…

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Jouer avec la Guerre, c’est une délicate affaire. Alors quand on se replonge loin dans l’histoire vidéoludique, pour se souvenir du traitement de la seconde guerre mondiale, on peut s’étonner, se surprendre même, de voir une industrie majoritairement réservée, voire sage, sur le sujet. Aussi avons-nous assisté dans les années 80 à la sortie d’une majorité de jeux de stratégie et autre wargame sur la seconde guerre mondiale. Des titres comme Computer Bismarck sur AppleII (1980), ou même Arnhem sur Ms-Dos (1985). Des jeux de stratégies classiques et sérieux reprenant un background historique et une belle jaquette pour attirer le regard du chaland. Mais il n’y a pas eu que des wargames à cette époque, bien évidemment; alors attardons-nous un peu sur ces premiers titres sortant des carcans seriousgaming des wargames de nos papas.

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1974 – TANK!

edito1Repartons en arrière avec l’un des tous premiers jeux prenant place durant la Seconde Guerre Mondiale. TANK! , jeu d’arcade multijoueurs développé par KeeGames en 1974. La plupart des joueurs ont connu ce titre grâce à sa version Atari2600 disponible dans la compilation « COMBAT » de 1977. C’était un jeu de shoot jouable à deux joueurs, et comme son titre le laissait supposer, nous y jouions des tanks. Tank! n’est pas un jeu sérieux, c’est un jeu d’arcade malin, avec des obstacles, des mines, des obus qui ricochent contre les murs, du scoring… c’était un vrai jeu de bar avec un joli sticker de borne typé WW2. (vidéo de gameplay)

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1981 – Castle Wolfenstein

edito2Début des années 80, début d’une licence qui perdure encore aujourd’hui. Castle Wolfenstein ! Point de first person shooter dans ce titre AppleII développé par MuseSoftware, mais l’un des tous premiers jeux d’infiltration avec le 005 de SEGA, rien que ça! Le but de ce jeu d’aventure-infiltration en vue du dessus était d’infiltrer le fameux Château de Wolfenstein afin d’y dérober aux Nazis des plans top-secret. Nous pouvions éviter les ennemis, voler les uniformes des ennemis morts afin de passer inaperçu devant les gardes lambda, braquer un garde pour le neutraliser… Pour 1981  le jeu propose bien plus de possibilités que le Metal Gear de Kojima de 1987, l’air de rien. Je pourrais évoquer finalement la série Wolfenstein dans sa globalité, avec Beyond Castle Wolfenstein qui reprenait l’histoire du Projet Valkyrie; Wolfenstein 3D et Return to Castle Wolfenstein qui ont marqué chacun leur tour le genre du FPS. Une série qui s’est toujours servie de sa thématique pour enrober son gameplay de manière intelligente. (vidéo de gameplay)

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1982 – B-17 Bomber

edito3J’imagine que la plupart d’entre vous s’attendait à ce que je parle du 1942 de Capcom sorti en 1984, mais j’ai eu envie de mettre en avant un titre plus obscur sorti deux ans plus tôt sur l’Intellivision de mon papa. Parce que c’est également un jeu de shoot des années 80 se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale, parce qu’il alterne une carte stratégique et une vue à la première personne , et aussi parce que dès 82 il proposait des voix digitalisées pas dégueulasses du tout ! B-17 Bomber fait partie de ces jeux qui voulaient à mon sens trop en faire et qui en était au final assez difficiles à prendre en main, et en fin de compte pas si fun. Alors comme c’était la console de mon père, j’appelais ça « les jeux de papa », ce qui pourrait être une catégorie bien spécifique dans l’histoire vidéoludique quand on y pense. Avec le recul c’est un jeu malgré tout assez complet, qui traite son sujet de manière assez intelligente, là où 1942 était un shmup pur et dur avec un enrobage WW2. (vidéo de gameplay)

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1985 – Silent Service

edito4Autre genre sur-représenté dans les années 80 quand on parle de WW2 dans les jeux vidéo : la Simulation. Wargames et Simulations, tels étaient les deux styles prédominant sur le sujet à l’époque. Et on peut le comprendre, c’est bien plus simple de vendre un jeu sérieux sur le sujet qu’un jeu de plateforme ultra coloré qui aurait été à l’époque totalement hors-de-propos. Alors pour parler de simulation, j’ai envie de m’attarder sur Silent Service de Sid Meier sorti en 1985 sur les micro de l’époque. Comme beaucoup de jeux estampillés Sid Meier, Silent Service est une simulation vraiment complète pour son époque. Et comme beaucoup de simulations, c’est lent, très lent. Et quand en plus c’est une simulation de sous-marin, c’est excessivement lent, et réservé uniquement à une niche de masochistes d’USS. Mais eux, très honnêtement, ont dû s’amuser comme des petits fous. Une fois de plus la Seconde Guerre Mondiale était traitée sans fioriture, très sérieusement. (vidéo de gameplay)

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1986 – The Great Escape

edito5Nouveau genre dans la thématique avec cette fois-ci un jeu d’évasion. Adaptation du film de 63 avec Steve McQueen, La Grande Evasion par Denton Designs, édité par OceanSoftware sur les micro-ordinateurs de l’époque était un jeu d’aventure à l’opposé du Wolfenstein de 81 puisque le but n’était pas d’infiltrer une place forte allemande, mais de s’y échapper. Le jeu optait pour une vue isométrique assez commune pour cette époque; et un découpage en tâches journalières comme l’appel, la cantine, l’exercice, etc… Des tâches auxquelles le joueur doit assister impérativement s’il ne veut pas être pris à partie par les gardes du camp. Le but du jeu sera donc à l’instar du film de récupérer les outils nécessaires à votre évasion, sachant que le jeu proposait différentes méthodes pour y parvenir. La thématique s’appuie bien évidemment sur le film, mettant en scène des prisonniers américains plus malins que les gardes allemands, mais offre en jeu un savant mélange de réflexion et de tension là où Wolfenstein misait sur l’aventure et l’exploration. Comme quoi, selon qu’on souhaite entrer ou sortir, on obtient des jeux aux ambiances radicalement différentes. (vidéo de gameplay)

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Blesse mon cœur d’une langueur monotone.

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Si les premières années de notre médium ont donc vu poindre nombre de jeux sur la Seconde Guerre Mondiale, force est de constater que les années 90, et particulièrement la génération des consoles 16-bits, furent sensiblement plus avares sur cette thématique. À l’instar de The Great Escape, les adaptations de films en jeux furent par contre légion, et au cinéma la Seconde Guerre Mondiale n’était plus le théâtre de la bravoure au son du cri de Willhelm. Aux débuts des années 90 le ton était plus à La Liste de Schindler de Spielberg ou Le Patient Anglais de Minghella concernant la WW2. Un changement de ton qui s’en est fait ressentir au niveau des sorties vidéoludiques, plus portées sur le terrorisme et la guerre du golfe. Je noterai malgré tout l’étonnant  Barbarossa de SystemSoft sorti en 1992 sur SuperFamicom; un jeu de stratégie qui nous donnait le contrôle de la Wehrmacht contre l’armée Russe. Un des rares jeux à nous mettre de facto dans le camp de l’AXE, avec en couverture un portrait d’Hitler. On comprend alors que le jeu n’ait jamais dépassé les frontières du Japon. Néanmoins, ce relatif désamour pour cette période de l’Histoire prit fin en 1998 avec la sortie du Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg. Une année charnière qui vit le retour massif de la thématique dans le médium jeu vidéo, portée par les avancées technologiques d’une 3D de plus en plus maîtrisée.

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1998 – Commandos : Behind Enemy Lines

edito698 fut une année extraordinaire pour le jeu PC, des jeux magnifiques, intelligents, longs… « des jeux pc quoi ». Parmi eux, Commandos de PyroStudios. Jeu d’infiltration en sublime 2D à l’instar d’un Baldur’s Gate sorti la même année, mettant en scène un groupe de forces spéciales durant la Seconde Guerre Mondiale. Un titre minutieux, à la fois dans son gameplay, mais également dans la représentation de son univers. L’Histoire n’est plus un enrobage visuel, le studio espagnol imprègne son jeu d’un soin, d’un respect même. Le médium a mûri. Le jeu, il est profond. Vous commandez un groupe de six commandos aux habilités diverses afin de mener à bien différentes missions secrètes. Tactique et Discrétion sont de mise dans ce jeu à la beauté saisissante. Coordonner ses commandos, suivre en direct les mouvements ennemis, planifier et réagir pour remporter la victoire…  Ce jeu est jouissif tout comme il est stressant. À l’instar de Metal Gear Solid la même année (quand je vous dis que c’est une année de dingue), on retrouve les cônes de vision des ennemis, tout comme les traces de pas dans la neige, les diversions, etc… Commando est un jeu d’infiltration très exigeant, très intelligent, dans la droite lignée d’un Castle Wolfenstein oserais-je ajouter. Et dire qu’aujourd’hui PyroStudios fait du jeu mobile… Ils n’avaient pas qu’à transformer la série en FPS lambda. (vidéo de gameplay)

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1999 – Medal of Honor

edito7Lorsque je disais que la sortie du film Saving Private Ryan avait eu un impact sur les sorties vidéoludiques, le jeu qui suit fait figure d’exemple flagrant. Pensé par sieur Spielberg himself et développé par sa boite DreamworksInteractive (plus connue aujourd’hui sous le nom DICE L.A), Medal of Honor fut longtemps appelé par la presse « Le Soldat Ryan – le jeu « . Telles étaient les ambitions du titre à l’époque. À sa sortie sur Playstation, ce fut un bien beau succès et la montée en puissance du genre « FPS WW2 » qui déferla sur nos étales durant une bonne décennie. Dans les faits, Medal of Honor est un clone honorable du GoldenEye de RareWare sorti deux ans plus tôt. On y joue d’ailleurs un agent secret durant la Seconde Guerre Mondiale (évitant de ce fait les scènes de troupes), Jim Paterson de l’OSS. Le jeu était doté d’une excellente ambiance, mais on sentait ça et là les différences entre le monde du PC et des Consoles, avec un jeu moins exigeant avec son sujet malgré une portée « pédagogique » intéressante entre les missions à grand renfort d’images d’archive remettant l’aventure dans le contexte de la guerre. On avait l’habitude de dire que dans Medal of Honor, on bute l’armée allemande tout seul, la fleur au fusil. Et ce n’était pas forcément faux. (vidéo de gameplay)

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1999 – Hidden & Dangerous

edito8La même année, sur PC, on pouvait jouer à Hidden & Dangerous de IllusionSoftworks, les papas de la série MAFIA. Si j’ai eu envie de parler de ce jeu, au-delà du fait que je suis un énorme fan de cette série, c’est qu’il fait à mon sens le pont entre les deux titres précédents. H&D est un jeu de tactique d’escouade en temps réel, où le joueur est libre de choisir sa stratégie. Il peut ainsi opter pour un pur titre de stratégie ou faire parler la poudre avec ses multiples caméras allant du TPS lointain jusqu’au classique FPS. Ce jeu est une expérience extraordinaire. Le mélange génial entre la tactique et l’action dans un univers extrêmement respectueux. Une fois de plus on opte pour les forces spéciales pour ne pas avoir à montrer trop de troupes à l’écran, mais la tension de la mission est palpable, la peur de perdre un membre de son équipe est permanente. Le studio fera le break sur l’ultime épisode de la série en 2003, série qui tarde à mon grand dam à revenir sur le devant de la scène. (vidéo de gameplay)

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2000 – Sudden Strike

edito9Genre ultra plébiscité comme je l’évoquais durant la première partie, le jeu de stratégie basé sur la Seconde Guerre Mondiale n’a pas tardé à revenir en force, aidé par les avancées des ténors du genre comme Blizzard ou Westwood. Parmi ces nouveaux STR, Sudden Strike de CDV sorti sur PC en 2000. Optant pour une vue isométrique à tomber par terre, ce jeu de stratégie allemand tranche avec les maîtres du genre par son approche particulièrement réaliste des combats de troupes, ce qui manquait cruellement dans les précédents jeux. En effet, dans Sudden Strike il n’y a pas de gestion de matières premières, de paysans ou autre système de ressources autre que vos hommes et vos matériels. Les cartes sont vastes, les environnements totalement destructibles permettent de se faire une idée du désastre, et le respect pour les armements et les unités des différents camps est remarquable de minutie. Là où le ton était alors à l’immersion dans la peau d’un ou plusieurs soldats au cœur du conflit, Sudden Strike nous faisait alors prendre de la hauteur pour mieux nous montrer l’horreur froide de la guerre : les villages bombardés, les hommes sacrifiés… Entre un STR et un FPS nous pouvions espérer avoir les deux visions de la guerre, sans fioriture, mais les limitations techniques étaient telles qu’à l’époque on se cantonnait à tirer sur des nazis qui gueulent en allemand plutôt que de vivre une véritable expérience immersive à la première personne d’un simple soldat au sein d’une escouade. (vidéo de gameplay)

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2002 – Battlefield 1942

edito10Et pour terminer, un choc, que dis-je? Un raz-de-marée. La première fois que j’ai entendu parler de Battlefield 1942, je n’ai pas compris le projet. Oui, on me parlait d’un jeu de tir durant la Seconde Guerre Mondiale, mais sans campagne solo. Hein? Comment un jeu pourrait tenir avec seulement un pauvre mode multijoueurs? Et oui, je ne m’attendais clairement pas à ça. Aujourd’hui Battlefield est connu de tous, un peu comme Call of Duty sorti l’année d’après en 2003; mais le public a diamétralement changé, et je pense que le pourcentage des joueurs actuels de ces deux licences ayant pratiqué à l’époque les premiers opus est particulièrement faible. Ce qu’on pouvait autrefois reprocher à un Medal of Honor, à savoir de n’être qu’un simple soldat face à toute l’armée allemande, ne tenait plus. Ici nous étions un soldat parmi d’autres, eux-mêmes étant des joueurs. Des cartes gigantesques bien loin de la structure d’un Counter Strike, la référence à l’époque en matière de FPS multi; des véhicules en tout genre, des ambiances singulières en fonction des maps et des escarmouches particulièrement immersives… Battlefield a indéniablement marqué son époque. Oh bien sûr il restait un shooter online avant tout, il n’a jamais eu l’ambition d’être une simulation pointue. Mais malgré cette orientation, avec par exemple le fait qu’on respawn facilement afin de maintenir un nombre important (pour l’époque) de joueurs sur le champ de bataille, l’impression de faire partie d’une escouade et non plus d’une équipe comme Day of Defeat l’année d’après changeait radicalement l’immersion du joueur. C’est malheureux que la série s’obstine à rester dans les conflits contemporains, car les souvenirs de ce premier Battlefield sont encore bien vivaces. (vidéo de gameplay)

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Evidemment il y en a d’autres et je vous laisse le soin de mentionner vos titres préférés dans les commentaires de cet édito. Alors qu’aujourd’hui la Seconde Guerre Mondiale est une période de l’Histoire délaissée par le médium, il m’a paru intéressant en ce 70ème anniversaire du débarquement de revenir sur certains de ces titres marquants. Car l’évolution d’une même thématique au fil du temps est un moyen concret de réaliser l’évolution de son support. À titre personnel je sais avoir plus appris sur la Seconde Guerre Mondiale par le cinéma ou les jeux vidéos, qu’à l’école. Car aussi difficile soit la thématique, il est toujours plus facile de l’intégrer par le biais du ludisme ou du divertissement. Si ces jeux ont pu apprendre à des enfants le déroulement et les enjeux de cette Guerre, ça sera toujours ça de pris. 

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La rétro de Mai par Professeur Oz

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La sortie de Metal Gear Solid V : Ground Zeroes était l’occasion rêvée pour se questionner sur la notion de durée de vie dans le jeu vidéo. Il aura fallu d’un article de GameInformer pour mettre le feu aux poudres. Oui, il paraîtrait que le jeu peut se boucler en une petite paire d’heures. Et pendant que bon nombre s’offusquent d’une durée qui leur semble ridicule, le spectateur lointain des aventures de Snake et consorts que je suis avait envie de leur répondre « et alors ? Où est le problème ? »

A l’opposé, à longueur de forums, on a pu voir des fans de Big Boss leur répondre avec des arguments aussi éculés que « mieux vaut une expérience courte, que quelque chose de long et ennuyeux ». Justification que j’ai toujours trouvée particulièrement idiote dans le sens ou quand je suis vraiment happé par un jeu, j’aime en profiter plusieurs heures.

Pour cet édito, j’avais prévu de souligner ce qui, à mon sens, relève du véritable problème : le prix, bien plus que la durée de vie. La somme qu’on est prêt à mettre pour un jeu dont on sait qu’il ne nous occupera pas bien longtemps (ce qui est bien différent du fait d’acheter un jeu et de découvrir a posteriori que celui-ci est court). J’avais déjà quelques exemples en tête : l’antique Prince of Persia dont on vous a parlé récemment et pour lequel un des postulats était de le finir en moins de 60 minutes ; on peut aussi penser à Journey ; voire également Gone Home qui, pour un prix peu inférieur à celui de Ground Zeroes déroule une histoire sur un temps équivalent. Pourtant, ce jeu indépendant a recueilli toutes sortes de louanges autant de la part de la presse que des joueurs, les deux heures qu’il occupe étant même parfois citées comme des qualités.

Et puis, la lecture d’un Canard PC (encore lui décidément) est venu ruiner mes projets. Son rédac’ chef Ivan Gaudé se fendant d’un billet résumant à merveille les quelques idées alignées ci-dessus. N’ayant pas le talent d’écriture d’Ivan Le Fou, je dus abandonner mes ambitions de tribune.

Heureusement, c’était sans compter sur Loupign qui vint involontairement à ma rescousse avec le tweet suivant.

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Comme touché par la grâce, je voyais enfin sous quel angle aborder mon article. Il n’était pas vraiment question de la durée de vie du jeu, ni de la qualité même du jeu, ni même de son prix. Il était en vrai question de sa réception dans la presse. Et surtout de ce qu’il en resterait dans quelques années.

Pour rebondir sur l’article que nous a dégoté l’ami Loupign, forcément 25 ans après, il prête à sourire quand on connaît la réputation du jeu. D’ailleurs, la plupart des réactions à la découverte de ce vieux test de la revue Arcade (que je ne connaissais pas du tout au passage) moquent la clairvoyance du testeur. Certes, on parle d’un temps où, comme le rappelle fréquemment AHL, les gens qui chroniquaient des jeux vidéo étaient rarement de vrais joueurs et n’étaient donc pas capables de sentir l’essence, l’intérêt d’un jeu.

Néanmoins, ce cas est loin d’être isolé. Des articles circonspects sur les qualités de Super Mario Bros, il doit en exister. Mais qui s’en rappelle tant la réputation du jeu de Nintendo n’est plus à faire ?

Depuis que nous avons pris l’habitude dans chacun de nos podcasts d’inclure les tests de l’époque, il n’est pas rare de nous étonner des réactions parfois unanimes des magazines d’alors sur des jeux qui, dans nos yeux de retrogamers ont une aura toute autre.

Qui se souvient de cette critique de Super Power jugeant décevante l’aventure proposée par Chrono Trigger ?

Qui a encore en tête l’accueil particulièrement tiède accordé à Sunset Riders par l’ensemble des revues alors que ce dernier jouit d’une belle réputation dans la communauté des vieux joueurs ?

La critique a cela de délicat qu’elle exprime un point de vue, forcément subjectif. Mais il ne faut pas non plus perdre de vue que c’est aussi souvent un instantané d’une époque où les repères, les références ne sont pas les même qu’aujourd’hui. Là où dans les années 80/90, l’acte d’achat se basait sur les opinions de deux ou trois magazines, voire de quelques amis, de nos jours, la moindre information, le moindre avis, se voit cent fois partagés, exagérés et critiqués une fois déposés quelque part sur la sphère Internet.

Jusqu’à l’écœurement parfois !

J’avoue qu’il m’arrive d’avoir un avis sur un jeu avant même d’avoir mis les mains dessus tant j’ai l’impression de déjà tout savoir dessus. Non, ne me jugez pas car je sais que derrière votre écran, ça vous arrive aussi !

Entre la communication exagérée de certains éditeurs, l’emballement parfois bêtement aveugle de journalistes sur des blockbusters taillés pour le succès ou des jeux indé hypés par je ne sais quel « pixel art de qualité » ou « expérience narrative exceptionnelle », n’a-t-on pas l’impression qu’il faut avoir une opinion à tout prix, comme si l’indifférence envers un titre était interdite !

Et si certains joueurs et journalistes aiment édifier des statues à tout va pour n’importe quel « Citizen Kane du jeu vidéo », c’est aussi oublier qu’il leur est particulièrement facile de brûler ceux qu’ils ont autrefois adorés (pour ceux qui n’ont pas suivi, c’est à ce moment qu’il faut se rappeler que j’ai commencé mon billet avec Metal Gear Solid). Car si il est facile de se moquer de jeux reconnus comme vraiment mauvais (coucou mon pauvre Rambo), les joueurs semblent avoir développé un don particulier pour s’arrêter plus fréquemment sur des détails que sur une œuvre dans son ensemble. Préférant chouiner à longueur de forum ou de tweets sur la longueur d’un jeu, ou sa technique défaillante. Mais finalement, qu’en reste-t-il une fois la manette en main ? Quid du plaisir réel une fois vraiment dans le jeu et isolé des « quand dira-t-on » ?

La critique est un exercice difficile tant elle relève de la subjectivité, de l’expérience, du vécu, des habitudes de celui qui la réalise. Parmi les nombreux tests qu’on a pu lire sur MGS V : Ground Zeroes, combien ont été écrits avec en ligne de mire ce fameux rapport entre durée/prix ?

Bien sûr l’erreur en incombe grandement à Konami qui a mal communiqué autour de son prologue au cinquième épisode des aventures de Big Boss. A Konami qui a cédé à cette mauvaise habitude de faire financer un jeu par les joueurs (les ventes du Ground Zeroes permettant de soutenir le développement de Phantom Pain). Konami est, à mon sens, coupable d’avoir voulu faire payer les cacahuètes qui accompagnent l’apéritif. Néanmoins, dans quelques mois/années, quand les deux jeux seront réunis sur la même galette sous la dénomination commune de MGS V Compilation (ce titre est une totale invention de ma part, mais vous voyez ce que je veux dire), peut-être sera-t-on plus à même de juger de l’intérêt réel de Ground Zeroes ? En tant que jeu évidemment, mais aussi en tant que concept qu’il soutient.

Finalement, que ça soit il y a 20 ans ou aujourd’hui, pour se faire un véritable avis sur un jeu, on a toujours pas fait mieux que d’y jouer soi-même. Tout simplement ! Et puis un apéritif sans cacahuète, c’est quand même pas la même chose, on est d’accord !

Une chose est sûre, il m’aura bien fallu plus de deux heures pour pondre ce billet !

La Rétro d’Avril par Anfalmyr

Aujourd’hui dans cet édito je ne vais pas parler de retrogaming, pas trop en tout cas.  Aujourd’hui on va plus s’intéresser au podcast, et à la sphère française de la baladodiffusion. Oui j’avais envie de le placer dans mon intro. Pourquoi attendre presque trois ans pour parler de ce qui constitue finalement le cœur de La Caz’ Retro? Et bien c’est une super bonne question, et comme je me la suis également posée, et bah j’en fais un édito.

Une Histoire de Podcasts Français

Lorsque La Caz’ Retro s’est lancée en 2011, la sphère du podcast français était déjà bien vivace. Gameblog, Gamerside, BasGrosPoing, L’Apéro du Captain, ou encore Silence On Joue, bref on était loin de figurer parmi les pionniers. Au mieux étions-nous des petits nouveaux sous l’apparence de vieux cons. Si je tiens à faire cette précision c’est avant tout pour que ce qui va suivre ne soit pas pris pour l’inventaire pompeux d’un gars qui se prendrait pour un « taulier » du podcast français. Non je vais juste parler de mon point de vue en tant que simple animateur d’un podcast qui a à peine trois ans de vie. Ni plus, ni moins.

En un sens, faire un podcast est aussi simple que faire des vidéos sur Youtube. Nous avons tous quelque chose à raconter et sommes tous persuadés que ce que nous avons à dire est assez important pour être partagé. Et nous avons raison. C’est ce qui fait que tant de gens de notre génération fuient les média traditionnels pour piocher dans l’internet du deux-point-zéro : la parole plurielle et libérée. Peu importe le sujet, qu’il s’agisse d’un traitement sérieux ou d’un divertissement ayant rapport à vos loisirs, on trouve toujours une onde sur laquelle se brancher pour se retrouver dans un cadre qui nous correspond. Et en plus, vous pouvez nous emporter partout avec vous ! On s’adapte à votre quotidien et non l’inverse, et nous ne sommes pas limités à un format comme chez nos amis les vidéastes qui doivent faire de l’humour en moins de dix minutes pour plaire à Orangina et M6.

img_11741On retrouve là la même folie et la même émulation que lors de l’explosion des radios libres aux débuts des années 80. Et pourtant, après bientôt dix années de podcasts divers, cette sphère n’a absolument pas évolué. Oh bien sûr elle est plus dense, plus généreuse et plus disparate; mais elle demeure encore aujourd’hui une curiosité un brin obscure qui semble la maintenir dans une sorte de bulle médiatique. Depuis quelques années maintenant nous avons connu l’explosion de Youtube, et ce même en France: les créateurs de contenu touchent un pourcentage sur les revenus publicitaires des vidéos monétisées, ils sont contactés par des annonceurs pour faire du placement de produit dans leurs vidéos, ils sont rachetés par des grands groupes audiovisuels français pour servir de labo pour une télé qui n’est absolument pas la cible… enfin bref  cette petite industrie ne connait visiblement pas la crise. Comment se fait-il alors que la sphère du podcasting n’ait pas connu une telle explosion? N’avons-nous pas nous aussi une plateforme de diffusion aussi solide que Youtube? Bah si évidemment, on a iTunes avec plus d’un milliard d’abonnements aux podcasts sur la plateforme d’Apple! On ne s’appellerait pas podcasts sans ça d’ailleurs. Mais contrairement à Youtube, Apple n’a pas encore mis en place un système de monétisation qui permette aux podcasteurs d’être rémunérés en fonction de leur audience; ce qui implique une chose toute bête mais très importante pour cerner la stagnation de ce médium : si ce géant américain n’a toujours pas jugé bon de créer de la valeur autour de ces « produits »,  les annonceurs et autres grands groupes français n’ont aucune raison de s’intéresser à nous.  Pire encore, l’omniprésence des émissions de radio traditionnelles en home page du Store d’Apple qui phagocytent la visibilité des podcasts amateurs comme le nôtre. Alors que d’un côté les chaînes de télé récupèrent les Youtubeurs pour rajeunir leur grille de programmes, du nôtre les groupes radiophoniques nous étouffent sans considération aucune. C’est comme si les chaînes télé glissaient l’intégralité de leurs replays non pas sur leur site officiel, mais sur Youtube.

Si faire un podcast ne coûte pas grand chose en l’état, ça ne rapporte pour sûr absolument rien. Le fait de voir des plateformes indépendantes s’ouvrir pour réunir différents podcasts au sein d’une grille unie qui aurait ainsi une meilleure force de frappe marketing est symptomatique de la profonde solitude dont souffre cette sphère, et le récent échec de Nowatch ne rend pas cet avenir plus radieux. Après une décennie le petit monde du podcast n’est toujours pas devenu une entreprise lucrative ni même un labo officieux des chaînes radio, il demeure ainsi une sphère underground en continuelle expansion. Un total paradoxe.

Pourtant cette sphère jouit d’une communauté particulièrement forte et fidèle, et la plateforme d’Apple joue un rôle majeur dans l’ouverture de ces programmes au plus grand nombre. C’est souvent d’ailleurs vers cette communauté que se tournent les créateurs lorsqu’ils ont besoin d’une aide financière, parfois pour s’équiper, parfois pour survivre. Se crée ainsi un véritable lien entre les podcasteurs et les poditeurs, sans intermédiaire, en toute sincérité. Un état de fait qui appuie une fois de plus la sensation sus-citée. Et pour nos communautés ce statu quo n’est en rien un problème, puisque cette bulle médiatique préserve une grande partie des podcasts des déviances qu’amène indubitablement l’arrivée de l’argent dans l’équation. Ainsi rares sont les problèmes d’intégrité liées à la critique positive d’un jeu, d’un film ou d’un comics (ou que sais-je encore) comme ce peut être le cas chez les blogueurs ou les youtubeurs. Nous venons pourtant de la même racine, certains d’entre nous gravitent même entre ces différents formats; mais pourtant il semble régner au sein des podcasteurs la confiance qu’on donne à ceux qui n’ont rien à gagner. En effet j’imagine mal les auditeurs donner aussi facilement à un podcast si celui-ci était en partie financé par une quelconque voie publicitaire ou privilégié d’une façon ou d’une autre par un network, quel qu’il fut.

Ainsi, nous avons là une communauté de podcasteurs tous plus doués les uns que les autres, des équipes motivées qui donnent de leur temps et de leur personne pour leur programme, soutenues exclusivement par une communauté d’auditeurs qui se construit en toute autonomie une grille de programmation hebdomadaire au creux de son baladeur. Un fonctionnement en vase clos étonnant qui semble chercher à se pérenniser par le mécénat de sa propre audience comme ont pu agréablement le prouver des podcasts comme ZQSD ou l’Apéro du Captain. Si la démarche est intéressante et les solutions variées, tous semblent s’accorder pour que le nerf de la guerre, à savoir la gratuité des podcasts, demeure. Et pendant ce temps le nouveau président de Radio France souhaite rendre les podcasts de la radio publique payants. Heureusement que Radio France est financée en majeure partie par la redevance audiovisuelle….

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Une Histoire de Festival

Comme on a pu le voir, notre sphère des podcasteurs ne représente aucun attrait pour les annonceurs qui pourraient promouvoir leurs produits ou voir là justement un nouveau produit à promouvoir. Et puisqu’on voit çà et là plusieurs initiatives de créateurs se chargeant eux-même de trouver des solutions (financières) pour continuer l’aventure, il serait peut-être temps de se charger également de la promotion de notre médium.

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Zack Galifianakis et Todd Glass sur la scène dans le podcast « Doug Loves Movies »

À Berverly Hills se déroule chaque année le L.A Podcast Festival, LE rendez-vous de Californie pour tous les amoureux de baladodiffusion américaine! Parmi les podcasteurs on retrouve du beau monde comme Doug Loves Movie, Girl on Guy (par la géniale Aisha Tyler) ou encore Probably Science (la liste complète ici); tout un panel particulièrement alléchant d’émissions regroupé le temps d’un week-end au même endroit. Enregistrements en public, tables rondes, rencontres entre les créateurs et leurs auditeurs… c’est un vrai moment intense d’échanges et de promotion pour le format podcast qui est bien plus installé « médiatiquement » aux U.S.A que chez nous. Mieux installé car contrairement à nous, les annonceurs américains ont déjà senti dans la sphère du podcasting une nouvelle cible, un public bien différent qui consomme de la radio mais de manière parfaitement autonome. Et pour eux c’est un médium comme un autre pour atteindre une nouvelle audience. Pour les créateurs de contenu, c’est également un moyen d’attirer l’attention sur leur programme, et faire découvrir ce format à un public totalement néophyte. Les early adopters de podcasts y voient l’opportunité d’échanger avec les gens qu’ils suivent… Bref tout le monde semble y trouver là de quoi piocher en fonction de ce qu’il recherche.

Un événement comme le L.A Podcast Festival, à l’échelle de la France, serait un moyen pour nous d’atteindre un public qui jusqu’ici ignore jusqu’à notre simple existence. Un public pour qui le podcast est le replay de la radio française et rien d’autre. Un tel festival nous permettrait de faire découvrir à des gens comme vous et moi des émissions faites pour eux, mais qui leur étaient jusqu’ici farpaitement inconnues pour cause d’absence de promo. L’occasion également pour notre sphère de podcasteurs de se retrouver en un même lieu et d’échanger, sur nos différentes approches, sur nos manières de fonctionner, etc… Pour avoir eu l’occasion de parler un peu podcast lors de notre passage chez nos amis de Gamerside, je peux vous assurer qu’un tel échange est un plus indéniable quand on fait du podcast. Parce qu’au final nous ne sommes pas concurrents, et la différence ne peut et ne doit pas se faire sur la technique, mais sur le sujet et la manière dont une équipe décide d’aborder ce sujet.

Plusieurs podcasts au même endroit, c’est aussi la possibilité de regrouper tout ce beau monde pour créer une sorte de marathon de podcasts en live et en public sur tout un week end ! Des podcasts qui s’enchaînent sur des sujets divers : Jeux vidéo, comics, cinéma, j’en passe et des meilleurs ! À l’instar du L.A Podcast Festival ce serait l’occasion à la fois de créer une vraie communauté de podcasteurs qui avancent de concert, et un magnifique moment de promotion pour faire parler de nous auprès des gens qui ne nous connaissent pas, et discuter avec ceux qui nous suivent déjà. Bien évidemment un tel festival ne peut se faire sans l’appui de partenaires au risque d’être relégué au rang de convention dans la salle des fêtes de Hyrules-en-Velette pour ne toucher au final que les gens qui nous connaissent déjà. Ce qui n’a à mon sens pas le moindre intérêt. J’irais même jusqu’à dire qu’à force cela peut devenir dangereux de se fermer ainsi au reste du monde, surtout pour une sphère de création qui se risquerait fortement à la consanguinité à grand renfort de featuring rotatifs et abscons face à une audience qui pointera du doigt avec le temps le fait que « c’est toujours les mêmes » ou que « vous invitez toujours vos potes, ouvrez vous un peu à ce qui se fait ailleurs! ». Et ils auraient raison. Vous avez pu le constater par vous même, avec la Caz’ Retro et d’autant plus avec le Bonus Stage, je mets un point d’honneur à éviter le nombrilisme et à inviter des gens d’horizons divers pour venir échanger leurs avis et leurs différentes approches. C’est même pour cette raison que les podcasts de La Caz’ Retro sont avant-tout tournés vers les joueurs et non l’analyse froide et impersonnelle des jeux. D’où l’importance pour un tel projet de ne pas se tourner exclusivement sur sa fanbase, mais de voir là l’opportunité de présenter tout un univers jusqu’ici confidentiel à tout un nouveau public.

Sans aller jusqu’à s’imaginer qu’un tel événement puisse ouvrir la porte à la professionnalisation du podcast français, et puis on pourrait évidemment débattre du bien-fondé de cette hypothèse,  j’ai très sincèrement du mal à imaginer que notre communauté de podcasteurs ne puisse se réunir le temps d’un week-end pour un moment de partage et d’échange. Nul besoin d’une pseudo cérémonie de remise de trophées pour faire parler de nous au grand public, et le relatif désamour des initiés et des néophytes face à cette récente pantalonnade me laisse espérer que c’est une voie qui ne devrait plus être reprise. Voilà donc à l’heure d’aujourd’hui mon regard aussi humble soit-il sur la stagnation de ce médium décennal qui a encore beaucoup de choses à proposer et à inventer. Qui sait? Peut-être un jour nous retrouverons nous sur une scène pour 72h d’antenne et d’échanges autour d’une table, les passants trouvant des flyers avec un QR Code pour télécharger illico les derniers podcasts en date… Oui je sais, je suis un éternel optimiste. 

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La Rétro de Mars par Professeur Oz

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L’HISTOIRE D’UNE PREMIÈRE FOIS

C’est un problème récurrent à tout rétrogamer qui se respecte : le vieillissement et la conservation de ses machines. Si à l’époque des Amiga, Amstrad ou Nes, on ne parlait pas encore d’obsolescence programmée, force est de reconnaître que ces générations de micro et consoles nous ont offerts des hardwares répondant à l’usure du temps bien mieux que n’importe quelle Xbox 360 prête à « RRoDer » à la moindre mise à jour. Néanmoins il arrive qu’après des années (voire des décennies) de bons et loyaux services, une de vos pouliches rendent l’âme. Deux solutions : compter sur le marché de l’occasion pour acquérir une nouvelle console ou retrousser ses manches et entreprendre une ouverture de la précieuse et y trouver la source de la panne.

Les plus paresseux opteront peut-être pour la première option, mais les prix indécents désormais pratiqués dans le retrogaming (on pourrait presque parler de detroussgaming) réservent ce choix aux plus fortunés (ou à ceux qui ne savent pas gérer leur argent, mais ça c’est une autre histoire). Non ! Si elle n’est pas forcément à la portée de tout le monde à première vue, la seconde solution s’offre quand même comme la plus raisonnable, mais aussi la plus fascinante pour qui fait preuve d’un minimum de curiosité.

Et c’est là que je vais vous faire part de mon expérience récente : j’ai dû réparer ma Nes qui depuis quelques semaines n’affichait plus qu’un écran désespérément aussi gris que la robe de ses cartouches. Mais plus que l’opération en elle-même, ce dont je souhaite vous parler c’est du contexte personnel dans lequel elle s’est déroulée.

Certains d’entre vous rigoleront à la lecture de ce diagnostic : « il va nous parler d’un des symptômes les plus classiques de la 8 bits grise et qui ne représente en rien un quelconque défi ». Certes, mais ce que vous devez savoir, c’est que c’était ma première fois ! Bien que la Caz Retro compte parmi ses membres quelques bricoleurs talentueux qui sauraient sans aucune antisèche vous expliquer comment switcher votre Snes ou raboter votre Mega Drive européenne pour faire passer des jeux japonais, je n’en fait pas partie. Il s’avère que question bricolage, j’ai toujours eu deux mains gauches.

Si comme beaucoup de vieux joueurs, j’ai toujours éprouvé une grande curiosité pour le fonctionnement de mes machines, osant parfois les dévêtir de leur coque pour découvrir leurs entrailles, mon exploration s’arrêtait souvent à ces préliminaires, n’ayant pas le courage, ni les connaissances pour me lancer dans un démontage en règle. Défaire est facile, refaire peut être une autre paire de manche.
Cette peur remonte à l’enfance où ma curiosité abdiquait devant ma crainte de casser une console que mes parents refuseraient de remplacer. Internet n’existait pas encore et ma découverte chirurgicale de mon CPC ou de ma Mega Drive s’arrêtait généralement à la lecture de la fameuse étiquette annonçant la fin de la garantie si tel couvercle était enlevé.

Tout maladroit que j’étais (et que je suis toujours) avec un fer à souder dans les mains, j’ai la chance d’avoir un frère qui à l’opposé de moi n’a jamais hésité à démonter un peu tout ce qui pouvait lui passer sous les mains, jeux vidéo compris, ne craignant jamais d’user de gestes que je pouvais trouver brutaux pour finalement remettre en parfait état de marche une machine. Certains appellent ça avoir des doigts en or .

Quand il m’a donc fallu réparer ma Nes, j’avais déjà identifié la source du problème sur le net. Néanmoins, peu sûr de moi, j’ai préféré attendre de venir rendre visite à ma famille pour présenter la console à mon frère. Si cela fait belle lurette que le jeu vidéo ne l’intéresse plus vraiment, je savais que lui apporter une nouvelle machine (nous n’avons jamais eu la Nes dans notre enfance) attiserait sa curiosité.

Et ça n’a pas loupé, en moins de 10 min, la console était désossée, ces entrailles étalées sur la table. La réparation ne nécessitait pas autant de bricolage, mais au fur et à mesure que nous enlevions les composants, mon frère et moi, par jeu, ne résistions pas à l’envie de démonter quasiment totalement la console. À mon excitation et mon étonnement de découvrir avec quelle facilité la réparation se faisait s’ajouta le plaisir d’un échange de connaissances improbable entre deux adultes redevenus le temps de l’opération deux enfants curieux : mon frère d’expliquer au noob en bricolage que je suis à quoi servait telle puce ; moi de lui détailler les raisons pour lesquelles Nintendo a choisi de transformer la Famicom (dont il ignorait l’existence) en Nes pour le marché occidental.

Finalement, plus que la réparation, je retiens de cet atelier bricolage improvisé un chouette moment passé avec mon frère comme si chacun avait fait un pas vers la passion de l’autre. Si bien des tuto trouvés sur le net auraient pu me suffire à pratiquer ma réparation seul, aucun ne remplacera finalement la transmission directe de connaissances. D’ailleurs à mon grand étonnement mais non sans plaisir, quand je lui ai montré quelques photos de custom de consoles, j’ai vu une lueur dans ses yeux synonyme de défi à relever. Sans vouloir trop en dire, il s’est déjà penché sur la question et m’a déjà conseillé dans l’achat de peintures adéquates. Wait & see comme on dit …

Et si vous vous posez la question, la Nes va très bien, j’ai même pu faire une partie de Super Mario Bros 3 avec ma mère … Une jolie histoire familiale que cette réparation !

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La Rétro de Février par Anfalmyr

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Demake moi si tu peux

 

Faire revenir une vieille licence sur le devant de la scène, c’est un pari difficile, et pas toujours bien exécuté par les éditeurs. Qu’il s’agisse de purs remakes ou de portages HD foirés par un développeur qui a paumé le code source dudit jeu il y a belle lurette, en passant par SquareEnix qui ne manque pas de massacrer FF6 sur Smartphone… Les exemples ne manquent pas, car c’est un filon sur lequel les éditeurs comptent capitaliser le plus possible. Aujourd’hui nous ne parlerons pas de Remakes, non, aujourd’hui nous allons faire chemin inverse, et nous intéresser à cette pratique du Demake, auparavant simples vues d’artistes, devenu peu à peu un segment parallèle du retrogaming qui aurait plus de choses à nous apprendre qu’on n’oserait le soupçonner.

 

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un soupçon de parallaxe, et on s’y croirait

Car comme le dit le vieil adage : c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ! Pardi ! Sauf qu’aujourd’hui on confond trop souvent la mention « À l’ancienne » avec la véritable recette d’antan. Par exemple, trop nombreux sont les jeux « néo-retro » qui se reposent sur un esthétisme pixelart comme unique cache-misère d’un gamedesign trop peu inspiré. Voilà donc pourquoi il ne fallait pas trop s’exciter face à ces multiples screenshots fleurissant sur la toile, vues d’artistes d’une utopique transposition des blockbusters d’aujourd’hui, dans de multiples écrins du passé. Pour sûr ces fanarts avaient de quoi chatouiller le regard esthète de ceux qui naguère martelaient avec entrain les boutons lissés de nos consoles de peu de bits; mais ça n’allait alors pas plus loin. Et pourtant, une simple image d’un Uncharted reprenant l’essence d’un bon vieux Flashback de Delphine Software suffisait à laisser vaquer notre imagination sur les changements fondamentaux qu’une telle déconstruction imposerait à la franchise de Naughty Dog.

Chemin faisant, on se met à imaginer ce que donnerait telle ou telle franchise sur une Super Nintendo, un Game Boy, ou même sur Atari 2600! Gears of War devenant un clone de Contra (Ce qu’est de toute manière la série d’Epic Games), Soul Reaver reprenant l’apparat d’un Super Metroid, et Brutal Legend devenant un bon vieux point’n click made in LucasArts. Mais pourquoi devrions nous rêver d’une telle chose? Quel intérêt trouverions nous à jouer à une version passé d’un jeu récent? Le jeu vidéo n’est-il pas un medium en perpétuelle évolution, rendant ainsi caduques les us du passé au profit des normes technologiques et fondamentales de l’industrie vidéoludique contemporaine? À voir l’emballement des fans face à ces splendeurs anachroniques, il y aurait donc là plus qu’un simple émerveillement de vieux cons en manque de pixels.

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Il y a déjà le jeu de la filiation. À quelle série connue du passé relierions nous telle franchise d’aujourd’hui ? Si on s’imagine bien un Mass Effect développé par Black Isle dans le pur style Baldur’s Gate, trouver une parenté historique est parfois plus compliqué. Compliqué car les jeux d’aujourd’hui sont pour la plupart un pot pourri de plusieurs genres, et il est parfois difficile d’en extraire une véritable épine dorsale. On pourrait très bien imaginer Alan Wake comme un jeu d’aventure textuelle sur Amstrad, ou un survival horror sur Playstation, ou même un jeu d’action-plateformes sur Snes. Tout comme on aime à s’imaginer ce que donneraient nos licences oubliées sur les nouvelles consoles, il est tout aussi passionnant de chercher dans la ludothèque actuelle les différents héritages, les inspirations et autre velléité issue d’un passé pas si lointain que ça. Car n’oublions jamais que les développeurs d’aujourd’hui furent comme nous des joueurs à l’époque du cathodique. Half Life aurait il la même saveur sous la forme d’un MetroidVania? Et en allant plus loin, les FPS actuels seraient ils meilleurs s’ils reprenaient le level design des « Doom-Like » d’antan faits d’embranchements multiples et de nombreux moments de solitude à errer dans des couloirs vides avant de trouver enfin la bonne sortie ?

Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que le Jeu Vidéo était meilleur avant. Je l’exprime assez souvent d’ailleurs, non pas que je veuille diminuer l’importance du retrogaming aujourd’hui, et de la part du créateur de La Caz’ Retro ça serait complètement débile. Je suis plutôt sur la même position que Douglas Alves qui enseigne l’histoire du jeu vidéo à des élèves en game design, et qui a dit « Pour savoir où on va il est toujours important de se rappeler d’où l’on vient, et en jeu vidéo c’est pareil« . Je le rejoins totalement sur cette pensée, et c’est en partie pour cette raison que j’ai lancé l’idée de ce podcast consacré au retrogaming. En gardant en tête l’histoire du médium et de son industrie, il est plus facile d’analyser le jeu vidéo tel qu’il est aujourd’hui, avec ses évolutions et ses travers. D’où la place particulièrement intéressante des demakes, puisqu’en transposant les jeux d’aujourd’hui dans un contexte passé, certaines licences acclamées perdent tout intérêt alors que des jeux plus discrets sur la scène médiatique montrent une qualité intrinsèque qui n’a aucun rapport avec une époque ou une quelconque mode.

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sans commentaire…

Depuis quelques temps maintenant ces demakes ont cessé de n’être que de simples vues d’artistes, et ont commencé à véritablement exister en tant que jeux vidéo parfaitement jouables. Qu’il s’agisse de fanmade ou de petits bonus issus du développeur original, nous avons eu régulièrement l’occasion de nous essayer à une version « oldschool » d’un jeu récent, et tâter ainsi des différences fondamentales entre ces deux époques majeures. On peut penser à HALO 2600 par Ed Fries, ancien de Microsoft (qui a d’ailleurs joué un rôle majeur dans la venue de Bungie chez MS plutôt que chez Apple). Voir Le pionnier du FirstPersonShooter moderne adapté en un jeu de shoot sur Atari 2600, qui plus est dans une version physique avec une belle boite en carton  pour combler les puristes, c’est extraordinaire. On opère là un retour en arrière brutal et sans concession sur l’évolution du médium; le gameplay étant ainsi réduit à sa plus simple expression. Retirez les beaux graphismes, l’histoire, la musique orchestrale, le body awareness…. Une opération de minimalisme jusqu’à l’obtention de l’essence pure du jeu : Shooter des Aliens. Simple, efficace. Voilà pourquoi la licence de Microsoft plait tant, parce qu’au-delà de ces beaux atours, reste un shooter fun à jouer, et c’est bien là le principal.

Je pourrais également citer Dark Void Zero, demake du médiocre Dark Void édité par Capcom en 2010. Pensé initialement comme une blague entre développeurs, ce vrai-faux premier épisode sur NES est disponible sur Steam et Dsiware et n’a rien à envier à la sphère des jeux d’action de la 8-bits de Nintendo. Le délire va assez loin, puisque sur la version Ds, il faut souffler sur la cartouche via le micro de la portable, pour lancer le jeu. Un point de détail mais qui s’intègre parfaitement à la note d’intention. Faire du vieux avec du neuf. Dans le même genre je pense à RetroCityRampage, pensé à la base comme une demake Nes de GTA3; ou bien Soundless Mountain II, le demake de Silent Hill 2 par Jasper Byrne qui nous fera après l’excellent titre indé Lone Survivor. Pêle-mêle citons aussi SuperSmashLand, demake Gameboy de la célèbre série SmashBros; The Curse of Monkey Island : Classic Edition, fanmade avorté du troisième opus de la série de LucasArts dans l’écrin des deux premiers opus; ou encore l’excellent Gang Garrison 2, le demake multijoueurs de Team Fortress 2 par mrfredman et MedO. Bien sûr il y en a d’autres, et je vous laisse le soin d’aller tous les chercher; qui sait, vous pourriez découvrir la perle rare.

demake 6Ce qui demeure à mon sens intéressant dans la pratique du Demake, c’est lorsque le faux jeu rétro pourrait techniquement tourner sur la machine ciblée. Lorsque le développeur se donne des limites techniques (virtuelles bien sûr) pour faire un jeu qui pourrait être lancé sur un émulateur ou même sur la console d’origine, il y a là un respect et un soin apporté à la confection du titre que je trouve remarquables. On est bien au-delà du simple aspect graphique respectueux des codes d’autrefois. J’évoquais le gameplay précédemment, et c’est bien sûr un point essentiel de ces demakes, en tout cas à mes yeux. Les jeux d’aujourd’hui veulent nous faire goûter un peu de tout, on grignote çà et là différentes expériences de jeu, différents gameplay, et finalement rien n’est véritablement approfondi. Le jeu vidéo contemporain est pensé pour être joué sporadiquement, et par conséquent ne doit plus relever de l’apprentissage par le joueur de quelques règles, développées par la suite pour permettre au joueur de restituer son apprentissage en relevant les défis qu’on lui propose, et ainsi prouver sa maîtrise du jeu. Derrière cette ancienne norme du challenge, se cachait en fait la meilleure interprétation du Voyage du Héros de C.Vogler (théoricien du scénario de cinéma) appliqué aux codes du Jeu Vidéo. Ceci pourrait faire l’objet d’un plus vaste débat, mais pour résumer, l’implication du joueur dans l’aventure, et sa réussite au cœur de ce « voyage extraordinaire », ne doit pas être tenu pour acquis, mais comme le voyage du joueur au sein du jeu. Les différentes étapes dans le périple d’un héros d’histoire, qu’il s’agisse d’un roman ou d’un film, doivent être appliqués au joueur autant qu’à son avatar dans un jeu vidéo. Au lieu de vivre une aventure par procuration, le Jeu Vidéo nous permet de vivre cette aventure par interaction. C’est une notion presque philosophique qui démarque profondément les deux époques de notre médium. Je sais que je vais très loin dans mon argumentaire, mais c’est pourtant là tout ce qui fera la différence, quand nous nous plongerons dans la génération HD dans vingt ans. D’où l’importance des demakes dans ce débat, qui nous permettent de surligner ce décalage de jeu, et de l’implication du joueur au sein de ces jeux.

Fort heureusement, la génération qui se lance semble tendre vers un retour à la raison. La génération du pot-pourri qui fait plein de choses sans jamais rien approfondir semble laisser la place à des jeux concepts, des jeux plus modestes financièrement mais bien plus profonds dans leurs mécaniques et dans l’implication du joueur à l’intérieur de ces systèmes. Oh nous aurons encore droit à des blockbusters grand public qui seront j’en suis sûr très agréables à siroter le temps d’un week-end, et qui nous donneront l’impression d’avoir vécu un film comme jamais auparavant. Mais je tiens aujourd’hui le pari que de cette génération de demakes lancée comme une blague d’artistes, va s’installer une véritable réflexion sur le gameplay, et une remise en question d’une industrie qui a grandi beaucoup trop vite.

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La Rétro de Janvier par Professeur Oz

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Et voilà. L’excitation des fêtes de fin d’année est derrière nous. Pendant que certains ramassent les derniers cotillons planqués sous le canapé ou dans le lecteur de la Playstation, d’autres comatent encore, victimes de leurs trop nombreux excès. 2013 a tiré sa révérence, 2014 entre en scène. Après l’heure des bilans vient celle des résolutions. Inutile de promettre les classiques « cette année, je me mets au sport » ou « j’arrête de passer mon temps sur Twitter ou Facebook au boulot ». Non, non, quitte à prendre de bonnes habitudes dès le début de l’année et si possible de les tenir durant les douze mois qui vont suivre, autant qu’elles soient réalistes. Et plutôt que de se donner des objectifs impossibles à atteindre, mieux vaut essayer de joindre l’utile à l’agréable. C’est pourquoi je vous propose un panel de résolutions touchant à notre petite passion commune : « les bonnes résolutions du retrogamer ».

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  1. C’est décidé, je confectionne des boites pour mes jeux Nes et Super Nes, parce que les cartouches, ça fait vraiment moche à côté des jeux Megadrive en boîte.
  2. Parce que je suis un passionné, un vrai, que je préfère jouer aux jeux sur leur support d’origine, j’arrête donc l’émulation…. Enfin quasiment, mais promis, j’achète les jeux que j’ai bien aimé. Enfin s’ils ne sont pas trop chers parce que les prix du rétro hein, c’est un peu la flambée ! En fait, l’émulation c’est quand même pratique.
  3. J’arrête d’acheter n’importe quel jeu indé rétro sous prétexte que « le pixel c’est trop bien, ça me rappelle ma folle jeunesse ». Parce que même chez les indé, il y a des mauvais jeux. Et les pixels n’ont pas toujours donnés des chef-d’œuvre.
  4. Ah et puis aussi, j’arrête d’acheter n’importe quel remake de vieux jeux. Parce que non dans le jeu vidéo, ça n’est pas forcément dans les vieux pixels qu’on fait les meilleurs soupes. Ou alors si, en fait oui parfois on a de la soupe, mais c’est pas forcément bon signe.
  5. Ça marche aussi avec Kickstarter. J’arrête de donner des sous pour n’importe quel jeu sous prétexte que les développeurs ont de bonnes têtes sur leur vidéo de présentation ; qu’ils y racontent des blagues ; qu’ils y font pleins de promesses dignes d’un Molyneux des meilleurs jours ; mais qu’ils oublient de nous montrer ne serait-ce que dix secondes de ce à quoi pourrait bien ressembler leur futur « jeu qui ne verra pas le jour faute d’objectif atteint ».
  6. Cette année, je me lève dès l’aurore pour aller en brocante histoire d’y être avant même l’ouverture, avant même les râtisseurs et de tomber sur les bonnes affaires.
  7. En brocante justement, j’arrêterais de négocier les prix vachement à la baisse quand ce sont des mamies ou de jeunes enfants qui s’occupent de la vente. Parce que c’est pas bien de profiter des faibles et des innocents… Bon, disons que j’arrête d’embêter les gamins !
  8. Et quand je suis en brocante, je me fixe un montant à ne pas dépasser. Pourquoi pas 10 euros en pièces de 50 centimes ? Non parce que l’année dernière j’y ai vraiment claqué trop de pognon pour des babioles qui n’avaient rien à voir avec le jeu vidéo.
  9. Non, en fait, il vaut mieux que j’arrête tout simplement d’aller en brocante. De toute façon, j’ai déjà tout les Fifa et les PES en triple depuis l’époque PS2.
  10. De toute façon, pour les achats rétro, il n’y a pas mieux qu’internet pour trouver ce qu’on cherche. D’ailleurs, ce serait bien cette année si je me contente d’acheter seulement les jeux que je cherche plutôt que d’enchérir sur 80 % des annonces d’eBay.
  11. Le plus simple, c’est juste d’arrêter de surenchérir bêtement sur eBay, non mais sérieusement, c’est quoi l’intérêt dans les 10 dernières secondes de passer de 25 € à 40 € pour un jeu ? De toute manière, ça ne marche jamais, il y a toujours un abruti pour faire monter le prix à 60 €.
  12. Arrêtez d’aller sur eBay toutes les heures parce que ça commence un peu à se voir au boulot.
  13. Arrêtez d’aller sur eBay tout court, parce que de toute manière là aussi toutes mes économies y passent.
  14. Non, ça ne sert à rien de se rabattre sur leboncoin, c’est la même chose, donc on oublie aussi.
  15. En fait je vais peut-être garder mes sous pour des trucs plus utiles. En fait l’émulation c’est peut-être une bonne idée !
  16. Ah et puis ce serait pas mal de jouer aussi un peu aux jeux récents. Parce que je vois pas trop l’intérêt d’acheter des jeux « day one » à 60 € si c’est pour les laisser prendre la poussière à côté de la PS3 ou de la 360. Quoique, vu qu’ils doivent encore être sous blister, ils n’ont pas trop à craindre la poussière. (oui, oui, vous avez bien lu, je n’ai pas écrit « PS4 ou Xbox One », je croyais que vous vouliez dépenser moins de sous. Ne me dites pas que vous avez sorti l’équivalent d’un demi SMIC net pour vous offrir une superbe console sans jeu vraiment intéressant ? )
  17. Le plus simple c’est peut-être d’arrêter le retrogaming non ! ça n’est qu’une mode après tout. Et puis, avouons-le, on s’en fout un peu de tous ses vieux jeux. On est juste très fier de parler de sa jolie collection dans un grand élan de « c’est qui qu’à la plus grosse ». En plus toutes ces machines, ces cartouches, c’est que ça prend de la place.
  18. En fait le dématérialisé, c’est pas si mal que ça ! Pas besoin de grosses étagères pour ranger ses jeux. En plus les prix sont plus intéressants que ce qu’on trouve dans le rétro. Il faudra que je m’achète plus souvent des jeux comme ça.
  19. Ah !  Et puis le mot « retrogaming », parlons-en ! Ça ne veut rien dire, on est d’accord ? Et puis c’est aussi ridicule que « vidéoludique » non ? Et si on profitait de 2014 pour trouver un vrai mot pour désigner cette dévianc… Hem hem pardon, cette passion !

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Si dans tout ça, vous ne trouvez pas au moins une bonne résolution à vous plaire, c’est que vous faîtes preuve de mauvaise volonté et méritez de rester bloquer en 2013. Cela dit, ça ne devrait pas trop gêner les vieux cons comme nous qui sont déjà restés bloqués dans le 20e siècle. Sinon, j’ai bien en tête quelques résolutions faciles à tenir, comme de vous abonner à notre compte iTunes pour ne louper aucun de nos podcasts. Et vous pouvez aussi vous inscrire sur notre forum pour venir discuter avec nous. Et il y a également la newsletter de La Caz Retro pour vous tenir informé de l’actu du site. (quoique là, j’écris sous le contrôle de notre grand chef à tout faire Loupign). Sinon, moi, je m’étais dit que j’écrirais plus souvent des articles, et qu’ils seraient plus courts. C’est pas gagné !

Et vous ? Quelles sont vos résolutions de joueurs pour 2014 ?

Ah, et j’allais oublier, même si mon honnêteté naturelle m’incite à ne pas participer à cette vaste hypocrisie collective, la bienséance m’enjoint quand même de terminer ce billet par :

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TOUTE L’EQUIPE DE LA CAZ RETRO VOUS SOUHAITE

UNE BELLE ET HEUREUSE ANNÉE 2014

 

La Rétro de Décembre par Anfalmyr

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Et voilà c’est déjà la fin de l’année. Une génération de console tire sa révérence, une autre sort de l’œuf. Un bouleversement qui est loin de nous inquiéter ici, puisque de cette transition nous n’en parlerons qu’en 2023.  Je pose donc ma plume ici pour la dernière fois cette année, l’occasion de revenir avec vous sur une longue année de retrogaming, et il y a beaucoup à dire.

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Une Année de Cazeur :

Faire un podcast c’est simple. Tu branches un micro, tu racontes des trucs, tu enregistres ce que tu racontes, et tu le diffuses. Simple comme Bonjour quoi. Faire un podcast rythmé, qui soit à la fois divertissant et didactique pour plaire à la fois aux connaisseurs sans chercher à se vouloir élitiste, trouver sa propre identité plutôt que de singer ce qui se fait ailleurs en mieux, et tenir un rythme soutenu de trente podcasts dans l’année, c’est déjà plus compliqué. On essaye tant bien que mal de tendre vers ce niveau de qualité, avec plus ou moins de succès, mais c’est une volonté sincère. Nous ne sommes peut-être pas toujours à la hauteur de vos attentes, et croyez bien qu’on lit toutes vos remarques, et la moindre critique nous atteint.

Pour ma part je prends de plus en plus de plaisir à animer les podcasts de La Caz’ Retro, et il faut dire que contrairement au reste de l’équipe, j’ai dû être de chaque rendez-vous, et ce même cet été pour chaque podcast estival hebdomadaire. C’est bien simple, pour moi il n’y a pas eu la moindre pause entre la saison 02 et la saison 03. Donc si avec tout ça tu ne prends pas de plaisir dans le rôle que tu occupes, ça deviendrait problématique. Je pense d’ailleurs que le plaisir vient avant-tout d’une certaine habitude à laquelle je ne m’attendais absolument pas. Il faut bien le dire, lorsque j’ai eu l’idée de La Caz’ Retro, je ne pensais pas à ce que ça impliquerait vraiment pour moi, de ma place au sein de cette création. J’avais juste envie de réunir une équipe pour parler d’histoires de joueurs, et d’aborder le jeu vidéo vintage d’une manière subjective parce que j’en avais tout simplement ma claque de lire et d’entendre les mêmes fiches wiki sans aucune personnalité. Ce n’est pas la vision que je me fais du jeu vidéo, quel que soit son âge. Et donc aujourd’hui je m’y suis fait, à cette place d’animateur. J’essaye chaque semaine de m’améliorer, oui parce qu’on enregistre chaque semaine, même s’il n’y a que deux podcasts par mois. L’habitude je vous dis, quand tu t’exerces presque chaque semaine, au bout de deux ans tu commences à prendre tes repères c’est évident.

C’est aussi pour ça que cette saison je vous propose Le Podcaz. Mon coin. Parce que le risque quand on anime podcast après podcast, qu’on les monte les uns à la suite des autres, c’est de se sentir comme un simple technicien. De se sentir enfermé dans une routine et de ne plus chercher à créer quelque chose d’original. C’est très dangereux, surtout quand on fait du web. Un podcast qui ronronne c’est un podcast voué à disparaître. Mais paradoxalement, c’est tout aussi dangereux de modifier sa formule, car les gens ont besoin justement de ces repères, donc il faut faire évoluer ta recette lentement, dans le temps. Alors la meilleure alternative c’est de proposer un nouveau contenu, mon petit labo, où tout est permis. C’est aussi pour moi la possibilité de partager MA vision du retrogaming, ou du moins de ce qu’on catalogue comme étant « retrogaming ». En podcast j’essaye autant que faire se peut de garder mon point de vue, car je n’aime pas les animateurs qui monopolisent leur propre antenne. Je suis là pour faire le bateleur et pour mettre en valeur mes chroniqueurs, pas pour être un intervenant supplémentaire. Preuve en est, nombreux sont les podcasts où l’auditeur de passage peut n’avoir aucune idée de mon nom. Et pour moi c’est un podcast réussi, car ça veut dire que je me suis mis au service de l’équipe et que je n’ai pas eu à trop prendre la main pour maintenir le rythme.

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Le Retrogaming Partout :

Cette année fut l’occasion également de voir de plus en plus de retrogaming. Qu’il s’agisse d’un podcast belge, de deux magazines papiers, d’une palanquée de streams…. Bref on a vu du retro partout ! Même le Meilleur Blog Jv de l’année parlait de Rétro ! Ah oui mince, c’était nous. Et c’est amusant, car si tous nous avons sensiblement le même « fond de commerce », j’ai l’impression que cette appellation de « retrogaming » a de moins en moins de sens, ou plutôt qu’on lui prête tellement de définitions différentes que le terme y perd tout son sens justement, si tant est qu’il en avait un auparavant. Par exemple, ici sur lacazretro.fr, nous ne parlons que de jeux qui ont au moins dix ans. C’est une limite théorique que j’avais fixée sans trop de raison lors de la création du podcast. Récemment en écoutant le podcast de JeGameMoiNonPlus, je me suis rendu compte que cette petite règle interne était considérée comme notre propre définition, notre vision conceptuelle du retrogaming. Soit, c’est un état de fait, mais ça montre bien à quel point ce terme est un fourre-tout hallucinant.

Nous, nous essayons de défendre une vision très subjective de ces jeux. Si aujourd’hui il est de plus en plus admis qu’un jeu techniquement convenable peut malgré tout être un mauvais jeu dans ce qu’il propose de fond et de forme, nous venons quand même de quelques décennies de contrôles techniques parfaitement arbitraires, totalement en décalage avec ce que le médium représente aujourd’hui, et pour les amateurs, et pour la société en général. Il est donc très important de garder en tête que les podcasts de La Caz’ Retro ne sont ni des tests, ni des rétrospectives, mais des débats entre amateurs ayant découvert ces titres à différents moments de leur vie, avec différentes approches et des ressentis divers. C’est en acceptant le fait que le jeu vidéo, de par l’interactivité qui le définit, est un médium on ne peut plus subjectif, qu’on arrivera à terme à parler d’un Another World comme un cinéphile parlerait d’un Nosferatu. Une évolution dans la mentalité qu’il ne faut pas attendre des industriels. Les éditeurs n’ont d’intérêt à préserver leur propre patrimoine vidéoludique que s’il leur est profitable à court ou moyen terme; la préservation et l’enrichissement de cette sous-culture ne peut venir que des passionnés. J’en veux pour preuve l’illustre Cinémathèque française, créée en 1936 par trois amateurs passionnés qui voulaient simplement partager leur amour pour ce médium entre eux, pour se rendre compte que 75% du patrimoine cinématographique avait à jamais disparu car les diffuseurs ne voyaient alors aucun intérêt à conserver des films dont la commercialisation avait pris fin.

L’émulation a permis de sauver un nombre stratosphérique de petits titres médiocres qui ne verront JAMAIS le jour sur le moindre store, parce que personne ne les achètera. Mais c’est indispensable qu’ils soient préservés. Tout comme il est vital d’avoir des auteurs de talents qui vont vraiment sur le terrain pour s’entretenir avec les créateurs qu’on cesse avec le temps de considérer comme des programmeurs mais comme des auteurs à part entière. Je n’en peux plus des rubriques Wiki de gens qui veulent juste surfer sur un thème à la mode en passant un peu de pixel sans jamais chercher à y trouver du sens. C’est pour tout ça que je suis fier de ce que nous faisons sur La Caz’ Retro, à réunir ensemble une pensée « grise », car il faut arrêter avec cette idée que dans un médium à portée artistique il puisse y avoir des consensus. Toute cette année nous avons fait de notre mieux pour défendre cette idée, sans jamais nous prendre au sérieux, et lorsque je vous vois toujours plus nombreux à parcourir notre site ou à écouter nos podcasts, je ne me dis pas qu’il faudrait changer ça pour éviter de froisser ceux qui ne seront pas de notre avis, mais plutôt que dans le fond vous aussi vous recherchiez cette philosophie. Alors tout ce que je nous souhaite pour 2014 c’est de continuer dans cette voie, on verra bien !

Cette année 2013 fut riche, elle nous a offert de belles rencontres, de belles surprises, et indéniablement un niveau d’exigence supérieur. Que nous souhaiter pour 2014 alors? D’être toujours à l’heure dans la livraison de nos podcasts, de vous amuser toujours plus, et quelque part, dans un coin de nos têtes, continuer à creuser cette pensée autour de l’histoire vidéoludique et des souvenirs des joueurs. Car n’oubliez jamais, le retrogaming est l’avenir des consoles next gen ! 

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La Rétro de Novembre par Manjimaru

Pour cette rétro du mois, j’avais envie de revenir sur une histoire d’amour, non pas celle que l’on peut lire dans les romans à l’eau rose entre Marilyn et John par exemple ; je ne vais pas non plus vous raconter mon histoire avec Mme Manji, cette dernière étant particulièrement fan de la Super Nintendo, je me suis dit : « assez parler de cette console » vu qu’une grosse majorité de la Caz est déjà acquise à la firme du plombier, non aujourd’hui je vais vous parler d’une histoire d’amour née il y a pas loin de 18 ans, j’avais alors 15 ans. Comme dans toute love story, l’homme que je suis, ne sera peut être plus tout à fait précis sur les dates, veuillez donc excuser les éventuels anachronismes que vous pourriez relever.

Tout débute le jour de Noël 1995, elle était là sous le sapin, éclairée par les traditionnelles guirlandes, je l’attendais depuis déjà presque six mois. J’en avais passé du temps chez les Gameswave et autres magasins de la métropole Lilloise à voir tourner ses jeux et démos exceptionnels ! C’était l’époque des 32 bits et mon dévolu s’était porté sur la Sega Saturn, une console qui allait me faire vibrer pendant de nombreuses années (et qui continue toujours à le faire !). Ce ne fut pas simple tous les jours quand on est au lycée, d’avouer que l’on est fan de la Saturn, c’est un peu comme admettre les sentiments que vous éprouvez pour cette fille de votre classe un peu banale, car elle a un petit quelque chose que les autres n’ont pas, « ce tout petit supplément d’âme, cet indéfinissable charme, cette petite flamme » comme l’aurait si bien dit France Gall, je ressentais  la même chose avec ma console de jeux. À l’époque, tout le monde ne jurait que par la Playstation et ses jeux en 3D (Ridge Racer, Destruction Derby, Wipe Out, Tekken), de mon côté je me satisfaisais de mes bombes Sega issues du monde de Sega (arcade et autre) ainsi que des chefs d’œuvre 2D qui sont sortis à foison sur la Saturn.

Ma toute première expérience en ce jour de Noël 1995 s’est faite sur Virtua Fighter, le monstre de Yu Suzuki, un gameplay génialissime, une animation à tomber par terre mais des graphismes très cubiques ne poussant pas les limites de la 3D de ma 32 bits chérie. C’est sûr, à côté de ça, Tekken avait le vent en poupe mais quand on est un ancien joueur comme moi, qui a débuté sur Tandy  TRS 80, on sait bien que ce ne sont pas les graphismes qui font l’essence même d’un jeu vidéo. Enfin, je disposais d’une réplique quasi parfaite d’un jeu d’arcade à la maison, le bonheur… S’en sont suivies des semaines de VS Fighting entre potes, un peu comme ce fut le cas, en son temps, avec le Street Fighter II de la Super Nintendo, jusqu’à… mon anniversaire de février 1996, où là j’ai réellement compris que le jeu vidéo se passera désormais en grande partie sur les consoles Sega et pas ailleurs.

Sega Rally, le voilà ce titre qui a bouleversé mon expérience vidéoludique, un jeu qui devrait justifier à chaque retrogamer l’achat d’une Saturn à lui tout seul ; d’ailleurs, j’ai longtemps nourri de pièces de 5 et 10 francs la borne « Twin » Sega Rally du cinéma UGC de la rue de Béthune à Lille, jusqu’à ce mois de février 1996 où j’ai enfin pu avoir le Saint Graal sur la cathodique 55cm du salon. Une pureté de gameplay, une réalisation made in Sega (de l’époque), une durée de vie énorme malgré ses quelques malheureux circuits et véhicules, des heures de bonheur en écran splitté. Bref, un gros pavé sur lequel on aurait pu apercevoir : Sega c’est plus fort que toi. Mon seul regret est de n’avoir jamais pu connecter ma console à une autre machine en vue de retrouver les sensations du combat acharné entre la Lancia Delta et la Toyota Celica avec un pote. Je pourrais également vous parler longuement des autres titres qui m’ont enchanté comme Die Hard Arcade, Street Fighter Alpha, Virtua Cop ou autre Daytona USA mais là n’est pas le lieu pour vous détailler tout cela.

Comme dans de nombreuses histoires d’amour, vient le temps où l’on se lasse, ensuite celui où l’on passe à autre chose où la séparation est tout proche, puis on se rabiboche, la flamme rejaillit malgré les tromperies commises d’un côté comme de l’autre. Je n’ai pas honte de le dire, Sega m’a – même nous a – trompé une première fois en arrêtant brutalement la production de Saturn en Europe (la deuxième fois c’est en 2001 avec la Dreamcast !), mais cela ne m’a pas empêché de continuer pendant encore quelques années, à assouvir ma soif de jeux Saturn en me tournant vers l’import, investissements notamment financés grâce à mes premières payes acquises en remplissant les rayons de supermarchés l’été. C’est ce que j’appelle ma deuxième période de vie de la console, là où j’ai découvert des titres tous plus impressionnants les uns que les autres, d’une ludothèque composée de styles très différents : shoot’em’ups (Radiant Silvergun, Metal Black, Thunderforce V), beat’em’all (Tenchi wo Kurau II, Crows), beat’em’up (Street Fighter Zero 3, Marvel vs Street Fighter, Astra Superstars), RPG (Shining Force, Dragon Force 2), Aventure RPG (Magic Knight Rayearth), Survival (Resident Evil, Deep Fear), stratégie, puzzles (Puzzle Bobble 3, Magical Drop, Gals Panic SS)… et même, comme pour chaque console nippone en fin de vie, des jeux de drague.

Vous l’aurez compris, cette histoire d’amour m’a fait devenir un fan-boy inconditionnel de cette machine mal-aimée qui n’a pas eu la chance de s’exprimer auprès du grand public, à cause essentiellement d’un manque d’agressivité des gens du marketing de la firme au hérisson bleu, un gâchis quand on voit ce qu’elle était capable de nous afficher et du plaisir que cette machine pouvait et peut encore nous offrir. 18 ans, c’est l’âge de la majorité, 18 ans qu’elle est dans mon cœur, la seule chose que j’ose espérer maintenant est qu’un hommage lui soit rendu en juillet 2015, par tous les acteurs du retrogaming actuel pour célébrer enfin comme il se doit cette jolie demoiselle devenue au fil du temps grande dame dans l’univers du jeu vidéo.

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Manjimaru22

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